Vos lettres et emails sélectionnés

Publié le 27 septembre 2004 Lecture : 6 minutes.

Les leçons de l’affaire Thatcher
L’affaire Mark Thatcher (voir J.A.I. n° 2277) doit interpeller la conscience de tous les Africains épris de paix et de justice afin qu’ils agissent en faveur du démantèlement des réseaux de soutien au mercenariat et à la rébellion. Les dictateurs et les despotes sont certes légion en Afrique, mais les tentatives de putsch ne peuvent se justifier sur ce continent qui a avant tout besoin de stabilité. Les États se doivent d’agir ensemble au lieu d’attendre que « la maison du voisin brûle pour essayer ensuite de jouer au sapeur-pompier ».

Mali : le Nord oublié ?
Dans le « Vous & Nous » du J.A.I. n° 2275-2276, un de vos lecteurs explique que « le Nord malien n’est pas oublié » et que le Sud du pays fait acte de solidarité à l’égard du Nord depuis l’indépendance. Étranger travaillant depuis quatre ans dans le nord du Mali, et connaissant le sud du pays, je souhaite revenir sur ce sujet. Le Nord est constitué de trois régions : Tombouctou, Gao et Kidal, cette dernière étant de loin la plus pauvre en infrastructures et en services (aussi bien publics que privés). Dans la région de Kidal, on dénombre vingt et un cycles d’enseignement primaire fonctionnels, deux cycles d’enseignement secondaire fonctionnels, mais aucun cycle d’enseignement technique et professionnel, aucun hôpital, un seul dispensaire (à Kidal-Ville), aucune route goudronnée et, jusqu’en juillet 2003, aucune banque. Pour une région qui compte plus de 42 000 habitants, c’est une des plus défavorisées du Mali. Enfin, les habitants de la région de Kidal, majoritairement des nomades, ne souhaitent pas « transformer le désert en éden ». Ils revendiquent simplement leur mode de vie nomade. Force est de reconnaître que, souvent, les habitants du Sud ne comprennent pas ceux du Nord et vice versa.

la suite après cette publicité

Bravo à Chissano !
Fidèle lectrice de J.A.I., j’ai été déçue de ne pas en lire davantage sur l’empreinte laissée par Chissano sur l’Union africaine. Malgré sa discrétion, « l’efficacité Chissano » fait l’unanimité : tant au niveau de la mise en place de structures durables qu’au niveau de l’introduction d’un nouveau contenu avec le Nepad, la lutte pour l’égalité des genres, la défense des droits humains, la promotion de paix et le respect des cultures. Voyageur infatigable, il a pu mener avec succès la double vie de chef d’État et de président de l’Union africaine, méritant pleinement le titre de « superministre des Affaires étrangères de l’Afrique ». J’aurais aimé lire un bilan de ses actions et de ses succès. Et je pense ne pas être la seule dans ce cas, car l’Afrique lusophone est aussi souvent francophone, sinon francophile. Par ailleurs, le Mozambique est exemplaire dans de nombreux domaines et pourtant on n’en parle presque jamais.
Réponse : Soyez rassurée, nous reviendrons plus longuement sur le bilan du président Chissano, ainsi que sur la transition politique au Mozambique, au moment de l’élection présidentielle prévue en décembre 2004. P.A.

Suggestion à J.A.I.
Pour son professionnalisme et grâce à sa présentation, Jeune Afrique/ l’intelligent est depuis longtemps une référence dans les médias. Pour que vous restiez un des leaders du secteur, je vous suggère la création d’une rubrique intitulée « Le fait du jour ». Elle aurait pour but de rappeler aux lecteurs les événements et les personnages qui ont marqué leur époque. Afin, notamment, que le souvenir des grands hommes du passé reste vivant dans les esprits.
Réponse : Votre suggestion ne manque pas d’intérêt, et nous y réfléchirons. Néanmoins, certaines de nos rubriques, comme « Ce jour-là » (voir p. 23), sont déjà des rappels historiques

Chirac sera-t-il entendu ?
Le président Jacques Chirac ne croyait pas si bien dire en lançant l’idée de la « mondialisation de la solidarité » à la 59e session de l’Assemblée générale des Nations unies. Reste à convaincre celui qui gouvernera les États-Unis. Depuis que les deux pays affichent leur désaccord sur les grands dossiers de la politique internationale, un tel discours, populiste à certains égards, ne manquera pas de heurter une Amérique qui refuse toujours d’établir un lien objectif entre le terrorisme mondial et le mal-être d’une frange non négligeable de l’humanité.

À chacun son Union
Certains de vos lecteurs refusent de croire au succès de l’Union africaine (UA) et proposent de suivre l’exemple de l’Union européenne (« Vous & Nous » n° 2274). Mais on ne peut pas transposer les modèles d’une région à une autre. L’Afrique a son identité propre et préfère le consensus à la concurrence. Le modèle d’intégration économique européen n’est pas forcément approprié au continent africain.
Quant à ces chefs d’État qui, de façon indigne, s’accrochent au pouvoir, il serait sage de leur ménager une porte de sortie honorable. Cela nous permettrait d’accélérer le changement de l’Afrique à travers le Nepad. Pour une fois, nous avons un programme conçu et mis en oeuvre par nous-mêmes, pour nous-mêmes à partir de nos réalités, de nos intérêts et de nos valeurs. L’UA bénéficie d’une large marge de manoeuvre et d’un mandat clair. Elle doit conduire les chefs d’État vers l’abandon progressif des souverainetés nationales au profit de l’institution régionale. C’est un processus irréversible. C’est à nous Africains – et à personne d’autre – qu’il revient de contribuer au développement et au rayonnement de l’Afrique dans le monde.

la suite après cette publicité

Accident de parcours
Le processus de paix en RD Congo a connu un très grave accident de parcours avec le massacre de quelque cent soixante Congolais dans le camp de réfugiés de Gatumba, au Burundi. Des rapports discordants ont encore augmenté la confusion au sein de la classe politique et de la population congolaise. Quoi qu’il en soit, espérons que les auteurs du massacre seront traduits devant une juridiction compétente, pour que le train de la transition continue sa trajectoire jusqu’à l’aboutissement d’un État de droit.

Ce dont rêvait Senghor
Racistes, les Maghrébins ? Je pense qu’il est vain de vouloir nier la réalité. Nous savons tous que chaque peuple nourrit un sentiment de supériorité vis-à-vis des autres peuples. Mais ce sentiment est beaucoup plus manifeste de la part des personnes dites blanches. Certains Maghrébins, malheureusement, le démontrent chez eux, considérant les Noirs comme des êtres inférieurs qui doivent être au service des hommes blancs comme au temps de l’esclavage. Accepter cette réalité et en parler ne peut que nous aider à évoluer vers la civilisation de l’universel dont rêvait feu le président Léopold Sédar Senghor.

la suite après cette publicité

Les affaires continuent. Instantané
Yamoussoukro (la capitale ivoirienne), fin septembre. Des petits vendeurs profitent d’un « checkpoint » pour proposer leurs marchandises aux voyageurs obligés de s’arrêter au barrage installé par les militaires. Comme quoi, au sud de la Côte d’Ivoire, on n’a pas complètement perdu le nord. Les affaires continuent. Yamoussoukro (la capitale ivoirienne), fin septembre. Des petits vendeurs profitent d’un « checkpoint » pour proposer leurs marchandises aux voyageurs obligés de s’arrêter au barrage installé par les militaires. Comme quoi, au sud de la Côte d’Ivoire, on n’a pas complètement perdu le nord.

Dassault et « L’Humanité »
Surréaliste, la fête du journal communiste français L’Humanité. Quand vous aviez, de stand en stand, fait le plein de tracts appelant à la lutte ouvrière pour le progrès social, la justice et la paix, vous aviez la possibilité de rassembler ce lourd paquet dans un sac plastique. Généreusement offert par… la société française d’armement Dassault, sponsor officiel de la fête. Malencontreuse coïncidence ? Non, quand vous ouvrez le programme officiel de la fête, la première chose qui se présente à vos yeux, c’est une publicité pleine page pour une autre multinationale de l’armement : EADS. Triste pour un journal dont le fondateur Jean Jaurès disait : « Le capitalisme porte en lui la guerre, comme la nuée porte l’orage » !

Les Guinéens ont faim
Les Guinéens ont résisté à tout, mais ils ne pourront pas résister à la faim. Il est temps que la Guinée aille de l’avant, étant donné tous les atouts dont elle dispose pour se hisser parmi les pays émergents. La Guinée est le château d’eau de l’Afrique occidentale alors que la population n’a pas accès à l’eau potable. Elle est dotée d’un sous-sol riche alors que la majorité de la population végète dans la misère. Nos dirigeants ne font que piller l’économie nationale alors qu’ils ont promis de servir loyalement la nation. L’opinion internationale doit prendre la mesure des dégâts causés par Lansana Conté. Elle doit également comprendre qu’on s’est servi de François Lonsény Fall pour redorer le blason du gouvernement. Mais l’ex-Premier ministre a très vite compris. Et démissionné. Il est temps que la population dise « non » au président Conté.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires