Maroc : des peines de prison pour neuf manifestants dans l’ex-cité minière de Jerada

La justice marocaine a condamné neuf personnes à des peines allant de 3 à 5 ans de prison ferme, en lien avec le mouvement de protestation dans l’ancienne cité minière de Jerada (2017-2018), a-t-on appris vendredi auprès de leur avocat.

Manifestation à Jerada, le 3 février 2018. © AP/SIPA

Manifestation à Jerada, le 3 février 2018. © AP/SIPA

Publié le 9 novembre 2018 Lecture : 2 minutes.

Le tribunal de première instance d’Oujda a condamné jeudi cinq manifestants à 5 ans de prison ferme et quatre autres à 3 ans, notamment pour « destruction de bien publics, incitation à commettre des crimes et délits ou participation à une manifestation non autorisée », a déclaré leur avocat, Me Abdelhak Benkada. Trois prévenus comparaissant libres ont par ailleurs écopé de peines allant d’un à six mois de prison avec sursis, a-t-il précisé.

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Tous étaient incarcérés depuis mi-mars, suite à des affrontements entre forces de l’ordre et protestataires lors d’une manifestation interdite ayant fait 312 blessés chez les forces de l’ordre et 32 chez les manifestants, selon un bilan officiel.

Un nouveau décès dans un puits de charbon

Fin décembre 2017, la ville sinistrée de Jerada a été secouée par un mouvement de protestation, après la mort de deux mineurs dans des puits abandonnés, suivie de deux autres décès accidentels dans des conditions similaires. Mercredi, un jeune de 18 ans est décédé après l’effondrement d’un puits de charbon désaffecté à Jerada dans lequel il était descendu chercher du charbon.

Face aux protestations qui ont duré de décembre 2017 à avril 2018, les autorités avaient annoncé une série de mesures pour relancer l’économie locale, promis de fermer les puits abandonnés avec un plan de reconversion pour les mineurs clandestins, et interdit toute « manifestation illégale ».

Selon l’avocat Abdelhak Benkada, 95 personnes ont à ce jour été arrêtées à la suite de ces manifestations, dont 25 ont déjà été jugées. D’après les informations de Jeune Afrique, de nouvelles comparutions sont programmées pour décembre.

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13,6 millions de dirhams d’investissement

Avant la fermeture à la fin des années 1990 d’une importante mine jugée non rentable, l’activité minière employait quelque 9.000 ouvriers et constituait la principale source économique de Jerada. Les habitants réclamaient depuis une alternative aux mines clandestines, dans lesquelles s’aventurent des centaines de mineurs pour extraire du charbon de façon artisanale afin de le vendre à des négociants locaux, surnommés localement les « barons » et dotés de permis de commercialisation.

Plusieurs projets de développement ont été inaugurés ou lancés dans la province de Jerada

D’après l’agence de presse officielle marocaine MAP,  « plusieurs projets de développement socio-économique ont été inaugurés ou lancés dans la province de Jerada. (…) Le gouverneur, Mabrouk Tabet, a donné le coup d’envoi des travaux d’aménagement du quartier industriel, pour un investissement d’environ 13,6 millions de dirhams [1,3 million d’euros] », précise une dépêche publiée jeudi 8 novembre.

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En février 2018, le chef du gouvernement marocain avait effectué une visite dans la région de l’Oriental, annonçant à cette occasion une série de mesures censées mettre fin à l’enclavement de la zone. Les manifestations avaient alors cessé. Saadeddine El Othmani avait notamment promis une enveloppe budgétaire au profit des anciens employés de la mine atteints de silicose. Il avait également assuré qu’une zone industrielle verrait le jour.

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