Qui sont les « prisonnières » ?
![](/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,height=810,fit=cover/medias/default.png)
Deux Américains (Jack Hensley et Eugene Armstrong) et un Britannique (Kenneth Bigley), travaillant pour le compte de la société émiratie de BTP Gulf Services, sont kidnappés, le 16 septembre, par des hommes armés dans un quartier résidentiel de Bagdad. Dans un communiqué, le groupe At-Tawhid Wal-Jihad (Unification et guerre sainte) du chef terroriste jordanien Abou Moussab al-Zarqaoui, menace d’exécuter les trois hommes si les autorités d’occupation ne libèrent pas « les femmes irakiennes détenues en Irak ».
Qui sont ces femmes ? Combien sont-elles ? À en croire les Américains, il n’y en aurait que deux, l’une incarcérée dans la prison d’Abou Ghraib, à l’ouest de Bagdad, et l’autre à Oum Qasr, dans le sud de Bassora.
La première, Rihab Taha, 49 ans, surnommée « Docteur germe » et « Toxic Taha », a été arrêtée le 12 mai 2003. Son crime : elle a dirigé le programme d’armement chimique et bactériologique irakien entre 1995 et 2003. Diplômée de l’université britannique d’East Anglia, en 1984, elle est l’épouse du général Amir Mohamed Rachid, ex-ministre du Pétrole, numéro 33 sur la liste américaine des 55 personnalités les plus recherchées de l’ancien régime. Ce dernier s’était rendu aux Américains le 28 avril 2003.
La seconde, Houda Ammach, 50 ans, arrêtée début mai de la même année, est l’ancienne doyenne de l’Université de Bagdad. Chercheuse en biotechnologie, surnommée « Docteur Anthrax », elle est accusée d’avoir pris part au programme d’armement de Saddam. Membre de la direction régionale du parti Baas, cette ancienne diplômée de l’université des Femmes du Texas et de celle du Missouri, aux États-Unis, où elle avait obtenu un doctorat en microbiologie en 1983, figurait au 53e rang sur la liste déjà citée.
Ces deux ex-collaboratrices de Saddam sont-elles les femmes que les terroristes veulent voir libérées ? Rien n’est moins sûr. En fait, les assassins à la solde de Zarqaoui, qui ont exécuté les deux otages américains, semblent persuadés que de nombreuses femmes irakiennes croupissent encore dans les geôles d’Abou Ghraib, où elles continuent de subir les humiliations des forces d’occupation.
Dans son édition du 15 septembre, le quotidien tabloïd tunisien Echourouq a publié une interview de Yousra, ex-détenue de cette prison tristement célèbre, qui raconte son viol par trois soldats américains. Le 22, le même journal a évoqué le cas d’une autre détenue, qui a affirmé, dans une lettre à sa famille, avoir été violée, avec d’autres prisonnières, par des soldats américains. Et prétend même être tombée enceinte. Le lendemain, le même journal a reproduit le témoignage d’une ex-détenue d’Abou Ghraib, Houda al-Azzaoui, qui a confirmé l’existence de ces cas de viol. Ces témoignages, assez fréquents dans la presse arabe et dont l’authenticité est souvent sujette à caution, sont malheureusement de nature à alimenter les exigences des preneurs d’otages.
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus
- L’État algérien accélère la cadence pour récupérer les biens mal acquis
- Pour la première fois, Mahamadou Issoufou condamne le coup d’État du général Tiani
- Amnesty International demande l’arrêt des expulsions forcées à Abidjan
- Au Niger, Abdourahamane Tiani et la stratégie assumée de l’« anti-France »
- M23 en RDC : cinq questions pour comprendre pourquoi le conflit s’enlise