Ligue des champions africaine : la capitale tunisienne en fête après la victoire de l’Espérance
Tunis était en liesse vendredi soir après que le club de foot tunisois de l’Espérance a remporté, à l’approche de son centenaire, le plus beau cadeau d’anniversaire qui soit : une troisième Ligue des champions d’Afrique, face au mastodonte égyptien d’Al-Ahly.
La ferveur ressentie dès le matin dans les rues s’est traduite dans le stade de Radès, où les spectateurs ont scandé hymnes et slogans des heures avant le début du match.
Pour la première fois depuis la révolution de 2011, le stade était quasiment plein, avec plus de 50 000 spectateurs. Dans les cafés de la capitale, bondés, tous les sièges étaient tournés vers les écrans de télévision, dans une ambiance familiale.
A chaque but montait une clameur, à mesure que l’Espérance, partie avec deux buts de retard, effectuait une remontée inespérée avant de l’emporter 3-0.
Dès le coup de sifflet final, les spectateurs, dont nombre de femmes, sont sortis dans la rue en hurlant leur joie, criant « Champions, champions » et esquissant des pas de danse sous les youyous.
Les policiers, déployés en force en raison des tensions survenues lors des précédents matches, se sont joints à la liesse ambiante, sautant de joie à chaque but, a constaté une journaliste de l’AFP. Toute la soirée, voitures et motos ont sillonné la ville en klaxonnant et brandissant des drapeaux.
« Enfin de la joie en Tunisie «
« Nous avons vaincu un complexe », a lancé Ali, 34 ans, en référence aux nombreuses défaites encaissées face à Al Ahly, qui détient le record de titres avec 8 sacres continentaux. « Nous avons dominé les Egyptiens et nous avons gagné, Enfin de la joie en Tunisie », sourit-il.
La politique nous attriste et le foot nous réjouit
La Tunisie, fragilisée par une forte inflation et un chômage persistant, traverse en outre une crise politique à l’approche d’élections prévues en 2019.
« La politique nous attriste et le foot nous réjouit », renchéri Sabri, un autre fan venu célébrer la victoire dans le centre ville.
Pour Sameh Bedir, 23 ans, drapé aux couleurs de l’Espérance et venu avec deux proches de Sidi Bouzid, une ville marginalisée de l’intérieur du pays, « ce qui donne à cette victoire un goût exceptionnel, c’est d’avoir gagné à la régulière ».
Un match sous tension
Le match s’est déroulé sous haute sécurité, d’autant que les fans de l’Espérance étaient remontés après un arbitrage contesté de l’Algérien Mehdi Charef Abid, qui à l’aller avait sifflé trois penalties dont deux pour Al-Ahly.
Des Algériens étaient venus soutenir le club tunisois, et assurer que l’arbitre ne représentait pas leur pays.
Nous sommes les vrais Algériens, nous avons une relation de fraternité avec les Tunisiens !
« Nous sommes arrivés à 3h du matin à Tunis rien que pour voir ce match », a déclaré à l’AFP Omar Ghadil, 25 ans, venu avec quatre amis.
« La police nous a fait entrer au stade sans billet pour passer un message, et dire que nous sommes les vrais Algériens, nous avons une relation de fraternité avec les Tunisiens ! », a-t-il poursuivi.
Dans le quartier espérantiste de Bab Souika, les fans ont afflué vers le siège historique du club, qui fêtera ses 100 ans en janvier 2019.
Ils ont scandé « 1,2,3 » en référence aux trois étoiles ornant désormais le maillot sang et or, et entamé les nombreux hymnes ponctués de « Taraji Dawala » (en arabe, l’Espérance c’est l’autorité suprême), le cri de ralliement des espérantistes.
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