Quand presse rime avec poubelle

Une calomnie dérisoire contre « Jeune Afrique/l’intelligent ».

Publié le 27 septembre 2004 Lecture : 1 minute.

Faut-il en rire ou en pleurer ? Les deux à la fois, sans doute. Notre Voie, quotidien ivoirien déjà épinglé à moult reprises pour ses dérapages xénophobes, a cru bon de publier à la une de son édition du 18 septembre un « scoop » aussi mirobolant que grotesque : Jeune Afrique/l’intelligent a reçu 1 million d’euros (soit 655 millions de F CFA) de la part de… l’armée française ! Motif : le reportage que nos envoyés spéciaux Samy Ghorbal et Agostino Pacciani ont réalisé dans la « zone de confiance » tenue par le contingent Licorne et les forces de l’Onuci, publié dans J.A.I. n° 2280. Ce type d’« information », émanant d’un journal qui ne répond à aucun critère connu de professionnalisme ni de déontologie ne mériterait même pas une ligne de démenti, s’il ne venait hélas ! confirmer par l’absurde le diagnostic que nous formulions ici même (J.A.I. n° 2277) : en cette auberge espagnole qu’est le paysage médiatique africain, le pire côtoie trop souvent le meilleur. Dans un environnement sain, un journal qui s’aventurerait à publier de telles diffamations ne tiendrait pas une semaine. En Côte d’Ivoire – et ailleurs -, appeler à la haine, accuser un journaliste assassiné d’avoir été un espion, ou inventer de toutes pièces un million imaginaire vaut impunité.
Simple remarque : Notre Voie est le quotidien du Front populaire ivoirien, le parti du président Laurent Gbagbo. Et le directeur de la publication n’est autre qu’Eugène Allou Wanyou, par ailleurs directeur du protocole présidentiel et l’un des fidèles les plus proches du chef de l’État. Force est donc de constater qu’à moins d’ignorer ce que trame son bras droit – ce qui relèverait de la faute professionnelle -, Laurent Gbagbo cautionne de telles dérives nauséeuses. Jusqu’où et jusqu’à quand ?

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