Pour tous les goûts

Publié le 27 septembre 2004 Lecture : 2 minutes.

Il y a la sexagénaire qui va faire ses courses sur les Champs-Élysées, au volant d’un encombrant 4×4, à peine (mais suffisamment) plus gros et polluant que celui de son voisin de palier, à Neuilly-sur-Seine. Il y a le jeune cadre dynamique et gominé qui se pavane au volant de sa décapotable parce que, hein, ça marche pour emballer les filles ! Il y a le chauffeur de taxi d’Addis-Abeba qui entretient, bichonne, soigne comme une soeur sa Lada plus-que-trentenaire et prie tous les matins pour que le moteur ne lâche pas : c’est son gagne-pain. Il y a l’expatrié des Nations unies qui parade entre les nids-de-poule d’une rue de Nairobi dans un engin blindé qui ressemble à un tank : on ne sait jamais, avec tous ces voyous qui abandonnent leur bidonville pour venir traîner leur détresse en ville…

La voiture est au coeur de nos vies, et les fabricants l’ont bien compris. Ils scrutent notre quotidien avec l’attention de sociologues patentés pour tenter de deviner ce que nous désirons. Frimer au volant d’une grosse cylindrée, pousser le moteur à fond sur l’autoroute, embarquer toute la marmaille à l’arrière, couvrir des milliers de kilomètres, écarter les dangers de la route, remplir le coffre de victuailles… Et ils répondent à leur manière en proposant airbags, vitres automatiques, économies d’énergie, conduite assistée, GPS, climatisation, j’en passe et des meilleures. Chaque année, ou presque, les firmes enfantent d’un nouveau modèle qui rendra obsolète le précédent. Leur objectif : vendre toujours plus sur des marchés souvent saturés. D’où cette mode aberrante en Occident, où l’asphalte règne, des « quatre roues motrices », monstres voraces en carburant qui tiennent mal la route… mais ça en jette, quand même, un pare-buffle rutilant dans les rues de Londres, Paris ou Berlin, très fréquentées par des troupeaux de ruminants !

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On peut toujours rêver d’un monde où les voitures seraient faites pour durer, consommeraient moins d’énergie et n’empoisonneraient pas l’atmosphère. Mais déjà, certains ont compris qu’un peu de simplicité pouvait rapporter gros, en particulier sur ces marchés où la voiture est encore un luxe. En Afrique notamment, où les gadgets vendus en prime ne l’emportent pas encore sur l’essentiel : une voiture, ça sert d’abord à se déplacer.

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