Paul Biya

Le « style » du chef de l’État, fait de discrétion et d’opiniâtreté, a été le meilleur garant de sa longévité.

Publié le 27 septembre 2004 Lecture : 2 minutes.

De la topographie politique du Cameroun, il a une connaissance intime, supérieure à celle de tous ses adversaires. Normal : entré à la présidence comme chargé de mission il y a quarante-deux ans, Paul Biya n’a cessé depuis d’occuper de hautes fonctions au coeur du pouvoir, sans une seule journée d’interruption. Avec une curieuse prédilection pour le chiffre sept : après sept années d’école de mission, puis sept années de séminaire et sept années d’études supérieures à Paris, il sera dans l’ombre d’Ahmadou Ahidjo secrétaire général de la présidence pendant sept ans, puis sept ans Premier ministre. Chef de l’État depuis le 6 novembre 1982, élu une première fois en 1984 puis réélu en 1988, 1992 et 1997, il brigue le 11 octobre un nouveau (et dernier ?) mandat de… sept ans. À la fois invisible et omniprésent, Paul Biya pratique un mode de gouvernement à distance et à l’économie qui n’appartient qu’à lui – et qui n’a de cesse de dérouter ses collaborateurs comme ses ennemis politiques, ses interlocuteurs étrangers comme ses compatriotes camerounais. De Mvomeka’a, son village natal, de Suisse où il séjourne fréquemment, de partout et de nulle part (et bien sûr depuis son palais mille-feuilles d’Etoudi à Yaoundé), cet homme de 71 ans dirige pourtant le Cameroun sans relâche et sans partage, souriant de ceux qui le disent éternellement oisif. Il communique très peu, n’entretient de rapport privilégié avec aucun de ses pairs, cultive le secret et se laisse aussi peu déchiffrer qu’un sphinx, y compris par ses propres ministres dont certains ne le voient jamais. À l’évidence, la méthode Biya – qui lui vaut de se maintenir au pouvoir depuis vingt-deux ans – intègre une bonne part de mystère. « Je suis pour une démocratie apaisée, une démocratie d’équilibre et d’alliance ; y parvenir n’a pas été chose facile », nous confiait-il, il y a quelques années, à l’occasion de l’une de ses rarissimes interviews (J.A.I. n° 1990), avant d’ajouter : « Certains ne me donnaient pas six mois de survie et, dans le fond, ils n’avaient pas tort. […] Vous voyez, j’ai survécu. Mais je n’ai pas la mémoire courte : je sais très bien qui, à un moment ou à un autre, a parié contre moi. » Pour ceux-là, tôt ou tard, le couperet tombe sans appel et sans repentir – surtout s’ils ont trahi la confiance du chef.

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