Égypte : un documentaire censuré, mis à l’honneur au festival de cinéma de Carthage

Le documentaire égyptien « Amal », censuré en Égypte mais en lice dans la compétition officielle du festival de cinéma des JCC à Tunis, redonne aux femmes égyptiennes leur place dans la révolution de 2011, à travers la vie d’une adolescente militante.

Brahim Letaief lors de l’édition 2015 des Journées cinématographiques de Carthage. © Hammi Mohammed/Sipa

Brahim Letaief lors de l’édition 2015 des Journées cinématographiques de Carthage. © Hammi Mohammed/Sipa

Publié le 10 novembre 2018 Lecture : 2 minutes.

Durant 83 minutes, le réalisateur égyptien Mohamed Siam, suit l’évolution d’Amal (espoir en arabe, NDLR) qui cherche sa place, son identité et aussi sa sexualité dans la société patriarcale de l’Egypte post-révolution.

Une non-fiction

« Rien n’est fictif. Il s’agit d’un voyage qui a duré six ans. Il suit la vie d’une adolescente pendant et après la révolution égyptienne. Depuis qu’elle avait 14 ans et jusqu’à ses 20 ans », a expliqué Mohamed Siam à l’AFP.

Amal représente la femme égyptienne qui reste encore marginalisée malgré sa participation à la révolution

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Pour ce réalisateur, qui affirme ne pas connaître les raisons de l’interdiction de son documentaire, Amal représente la femme égyptienne qui« reste encore marginalisée malgré sa participation effective dans le processus révolutionnaire en Egypte ».

A travers des scènes choquantes et violentes, le réalisateur montre comment Amal a été brutalement agressée lors de sa participation enthousiaste aux manifestations ayant abouti à la chute du président Hosni Moubarak en 2011.

Le spectateur est entraîné dans les affrontements ayant opposé manifestants et forces de l’ordre, qui constituent autant d’étapes initiatiques dans la vie d’Amal.

Ses échanges avec sa mère, qui envisage de voter pour un cacique du régime déchu, ou avec son compagnon, qui refuse qu’elle fume ou porte des jeans, révèlent les tiraillements au sein de la société égyptienne.

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La crise mise à nue

Six ans après la révolution, la colère et le désespoir envahissent un bon nombre de militants égyptiens, confrontés à une forte répression qui risque de leur faire perdre l’espoir dans l’avenir, montre le documentaire.

Depuis l’arrivée au pouvoir en 2014 du président Abdel Fattah al-Sissi –chef de l’armée lors de la destitution du président issu des Frères musulmans Mohamed Morsi–, des ONG dénoncent régulièrement les violations des droits de l’Homme et la répression des dissidents en Egypte.

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Début novembre, au moins 19 avocats et militants des droits humains, huit femmes et 11 hommes, ont été arrêtés en Egypte, selon Amnesty International.

Le film a été diffusé pour la première fois dans un pays arabe cette semaine à l’occasion des Journées cinématographiques de Carthage (JCC). Les JCC, qui s’achèvent samedi sont l’un des principaux évènements culturels en Tunisie, le seul pays à poursuivre sa démocratisation parmi ceux qui ont été secoués par les soulèvements du Printemps arabe.

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