Nassim Sidi Saïd

Pilote de formule 1

Publié le 27 septembre 2004 Lecture : 3 minutes.

Membre de l’écurie de formule 1 Minardi, le jeune prodige rêve d’inaugurer la première école de pilotage du monde arabe, à Alger, l’an prochain.

Chemise blanche entrouverte, pantalon à pinces noir et chaussures italiennes assorties… À 32 ans, Nassim Sidi Saïd n’a rien d’une tête brûlée. Le regard droit derrière ses petites lunettes, il aurait pu être homme d’affaires ou haut fonctionnaire, comme son père. Il a choisi de rouler vite, très vite, sur les circuits du monde entier. Enfant, il voulait être médecin ou astronaute. Il sera pilote automobile.
Après des études de commerce et plusieurs années de Sciences-Po, à Alger, le jeune Nassim s’ennuie un peu à l’université. Alors, en attendant de choisir un métier, il s’essaie à la compétition automobile. Sa première course, à Sidi Bel-Abbès, en 1993, c’est, de son propre aveu, « du n’importe quoi ». « Je n’avais aucune formation, se souvient-il. Je tapais les trottoirs, j’étais à la limite de l’accident. En fait, j’avais une très mauvaise approche du sport automobile. »
Au fil des courses, Nassim apprend, mais pas assez vite. Alors, il décide de s’inscrire dans une école de pilotage à Magny-Cours, en France. Ses condisciples ont déjà l’expérience du karting, lui débarque d’une autre planète. Mais, pour la première fois, il roule sur un vrai circuit…

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Pour participer au championnat de France de formule Renault, il lui faut trouver un budget, des partenaires, des sponsors. Son père est le premier et le plus fidèle d’entre eux. « Au début, il ne voulait pas entendre parler de la course automobile, raconte Nassim. Mais quand il s’est rendu compte que c’était sérieux, alors, il s’est impliqué à fond. » Lors de sa première saison, l’apprenti pilote reçoit quelques « claques ». Difficultés financières, échecs sportifs… Mais il se forge un moral et commence à se faire un nom. Sa troisième place en catégorie B le propulse chez les pros dès 1996. « J’ai commencé à entrer dans le costume de représentant de l’Algérie, avec des sponsors algériens, dit-il. Ce n’était pas évident. À l’époque, le terrorisme battait son plein. La Sonatrach a été parmi les premiers à me faire confiance et ça dure encore aujourd’hui. » Malgré un accident qui plombe sa saison 1997 quatre mois d’immobilisation -, il se classe neuvième et accède l’année suivante à la formule 3. « Bien sûr, je me rapprochais de la formule 1, mais ma voiture n’avait pas la bonne configuration et ma première saison a été très difficile. C’est à ce moment-là que j’ai rencontré Yves. »
« Yves », c’est Yves Dechaumes, alors chez DAS Racing, une écurie de course couplée à une société de promotion. « J’ai rapidement été séduit par le talent et la hargne de Nassim, témoigne Dechaumes, aujourd’hui team manager de Stardrive Motorsport. Il était complètement décomplexé et sa marge de progression m’a paru très importante. » Entre les deux hommes, le courant passe : « Yves m’a apporté une stabilité qui m’a permis d’évoluer, commente Nassim. J’ai commencé à monter sur les podiums, à gagner des courses. Plusieurs écuries de formule 1, dont Minardi, ont pris contact avec moi. Après deux ans de discussions, nous sommes parvenus à un accord à la fin de l’année dernière. »

Selon les termes de cet accord, le jeune pilote doit participer aux championnats de formule 3000 et à d’autres préparations à la F1, tout en étant pilote d’essai pour Minardi. Pas de Grand Prix en vue pour l’instant : il faut d’abord faire ses preuves. « D’ici à la fin de l’année prochaine, je dois démontrer que je mérite une chance, martèle le pilote. Les championnats sont d’un niveau très élevé, mais je me sens prêt. »
Fan du Brésilien Ayrton Senna, son « modèle », Nassim Sidi Saïd espère susciter des vocations dans son pays, où sa notoriété grandit. Mais il ne se considère pas comme un pionnier. « Un pionnier doit laisser une trace. Je n’aurai droit à ce titre que si je dure », nuance-t-il. Reste qu’il y aura sans doute un « avant » et un « après » Sidi Saïd. Contaminé à son tour par le virus, Hamid, son père, est depuis 2001 le président de la Fédération algérienne des sports mécaniques. Avec l’équipe de Stradrive Motorsport, ils ont étudié le projet d’une école de pilotage à Alger. Celle-ci ouvrira ses portes dans quelques mois. L’arrivée des premiers pilotes algériens sur le circuit est prévue dès 2005.

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