Le plan Allaoui

Publié le 27 septembre 2004 Lecture : 2 minutes.

L’hypothèse de base du Premier ministre provisoire Iyad Allaoui est qu’en tant que chiite il peut avoir l’appui de sa communauté, majoritaire en Irak. Il considère que le mouvement de résistance armée de Moqtada Sadr ne pose qu’un problème tactique, qui est en voie de solution. Et compte sur le soutien du grand ayatollah Ali Sistani.
Les combats du mois d’août avec la milice de Sadr dans la ville sainte de Nadjaf ont parfaitement montré quelle était l’approche d’Allaoui. Ces affrontements ont été accidentellement provoqués par l’intervention des marines dans une maison qui se trouvait à quelques centaines de mètres de l’endroit où se cachait Moqtada Sadr. Celui-ci a immédiatement déclenché une insurrection.

Allaoui a alors décidé de lancer une violente contre-attaque. Les Américains ont envoyé à Nadjaf tous les tireurs d’élite disponibles, qui, dans les quinze jours, ont tué plus d’un millier de miliciens de Sadr. Ce dernier et ses partisans se sont alors réfugiés dans la mosquée de l’imam Ali, espérant qu’Allaoui renoncerait à l’attaquer. Mais le Premier ministre a décidé de donner l’assaut, avec des forces irakiennes déterminées, mais inexpérimentées.
Les responsables américains n’étaient pas convaincus que c’était la meilleure solution, mais ils ont soutenu Allaoui. Le président George W. Bush lui-même se serait, dit-on, rallié au point de vue d’Allaoui en disant : « C’est un chiite. C’est son pays. »
Au moment où les forces irakiennes s’apprêtaient à donner l’assaut final, l’ayatollah Sistani est rentré d’un séjour médical à Londres. Allaoui avait espéré retarder ce retour, mais il n’y est pas arrivé. Il a donc envoyé des émissaires auprès de Sistani pour négocier une stratégie de retrait de Nadjaf de la milice de Sadr. Au bout du compte, la médiation de Sistani a été couronnée de succès, et Allaoui comme les conseillers de Bush ont crié victoire. « Ce qui s’est passé à Nadjaf est aussi important que si ce résultat avait été imposé par la force », a déclaré le secrétaire adjoint à la Défense Paul Wolfowitz. Les conséquences d’un pillage de la mosquée auraient pu être catastrophiques.

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La rébellion sunnite, qui a son centre à Fallouja, reste le véritable défi stratégique pour Allaoui. Son idée est de combiner de violentes frappes aériennes américaines avec des démarches auprès des dirigeants sunnites. Le Premier ministre est conforté par la démographie irakienne. Les insurgés sunnites ne pourront pas représenter plus que les 20 % à 25 % qu’ils constituent dans la population. Il est convaincu que les chiites et les Kurdes ne feront jamais alliance avec eux. Allaoui sait qu’il lui faudra, un jour ou l’autre, cerner Fallouja et lui imposer son autorité. Comme à Nadjaf, son intention semble être de mener des opérations militaires combinées américano-irakiennes – sous commandement irakien. Les forces irakiennes comprendraient une brigade modernisée, qui a récemment obtenu le feu vert de Washington, malgré les objections de certains chefs militaires. L’épreuve de force devrait avoir lieu à Fallouja « avant la fin de l’année ».
Iyad Allaoui peut-il gagner ? Toute la question est là, et les responsables américains ne peuvent qu’espérer, pour leur part, que la réponse est oui – et pousser l’entraînement des forces irakiennes. Si Allaoui échoue, il ne semble pas y avoir de plan B.

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