Leonardo Pereira Dos Santos

Président-directeur général de Renault Maroc

Publié le 27 septembre 2004 Lecture : 4 minutes.

Le patron de Renault Maroc attend avec impatience que la première Dacia Logan construite à Casablanca sorte des ateliers de la Société marocaine des constructions automobiles (Somaca). Mais se refuse à dire son prix…

Jeune Afrique/L’intelligent : Quand débutera la production de la Dacia Logan à Casablanca ?
Leonardo Pereira Dos Santos : La chaîne de production va se mettre en place tout au long du premier semestre 2005, avec sortie des premiers véhicules de présérie aux alentours de mars-avril. De sorte que les Logan assemblées à Casablanca seront proposées au public marocain à partir du second semestre 2005.
J.A.I. : D’ici là, diffuserez-vous au Maroc les Logan produites en Roumanie ?
L.P.D.S. : Non, Renault Maroc n’importera pas de Logan. Nous ne vendrons que des modèles assemblés à Casablanca.
J.A.I. : « Chaque pays pourra choisir sa Logan », a déclaré Louis Schweitzer, PDG de Renault. Quel type de Logan avez-vous choisi pour le Maroc, en termes de motorisation et d’équipement ?
L.P.D.S. : Nous proposerons trois niveaux d’équipement, et trois moteurs puisés dans la gamme Renault : un 1 400 cc essence, un 1 600 cc essence qui sera plutôt destiné à l’exportation, et un 1 500 cc diesel dCi qui devrait représenter 75 % des ventes de la Dacia Logan au Maroc. Le modèle de base sera simplement équipé, afin de maintenir un prix très bas : pas de direction assistée (sauf pour les versions diesels), d’airbags, ni de vitres électriques.
J.A.I. : Lors de la présentation de la Logan à Paris en juin, il avait été question d’un premier prix d’environ 70 000 dirhams au Maroc, soit 6 350 euros. Ce tarif vous semble-t-il réaliste ?
L.P.D.S. : Nous ne pouvons pas ignorer la réalité de l’offre sur ce marché : il faut tenir compte du prix auquel la clientèle est habituée à payer une voiture. La gamme Fiat produite à Casablanca débutait à 65 000 dirhams pour la Uno, pour culminer à 125 000 dirhams pour la Sienna. Ces tarifs ayant augmenté depuis que Fiat importe ses voitures au Maroc, je peux juste vous dire que la Logan, à son prix, sera sans concurrente.
J.A.I. : Combien comptez-vous assembler de Dacia Logan par an à Casablanca ?
L.P.D.S. : Environ 5 000 en 2005. Puis 30 000 chaque année : 15 000 pour le Maroc et 15 000 pour l’exportation.
J.A.I. : Vers quels pays ? Le royaume n’occupe pas une situation géographique centrale, et l’Algérie, premier marché automobile du Maghreb, ne semble guère encline à importer des voitures venues du Maroc…
L.P.D.S. : J’entrevois trois marchés d’exportation pour les Logan assemblées au Maroc. Les pays signataires de l’accord d’Agadir : Tunisie, Jordanie et Égypte ; les pays de la Ligue arabe ; et enfin, les pays d’Afrique occidentale.
J.A.I. : Fiat représentait la moitié de l’activité de la Somaca en 2003, avec 9 000 modèles sur un total de 18 230 toutes marques confondues. Comment la Somaca a-t-elle surmonté le départ de Fiat en attendant l’arrivée de la Logan ?
L.P.D.S. : Une convention passée en janvier 2004 entre l’État marocain, Renault et PSA nous a permis, grâce à une réduction de TVA, d’augmenter la production des Renault Kangoo, Peugeot Partner et Citroën Berlingo. Ainsi, avec ces trois seuls modèles, la Somaca devrait assembler 15 000 à 16 000 véhicules en 2004. Nous avons ainsi évité tout licenciement économique. La Somaca a juste suivi le plan de réduction d’emplois prévu avant le départ de Fiat et stabilisé ses effectifs à 750 personnes.
J.A.I. : Si 30 000 Logan s’ajoutent aux 15 000 voitures montées en 2004, la Somaca atteindra enfin 45 000 à 50 000 voitures par an, soit l’objectif fixé à sa création en 1959, mais qu’elle n’a jamais atteint. En ce cas, des embauches seront-elles envisagées ?
L.P.D.S. : La Dacia Logan n’entre pas en concurrence frontale avec un véhicule comme le Renault Kangoo. Ni par la forme, ni par le prix, un Kangoo VP coûtant 110 900 dirhams. Néanmoins, même si un véhicule aussi bon marché que la Logan va accroître la demande, il serait illusoire de croire que ses ventes vont s’ajouter aux 52 000 véhicules neufs commercialisés au Maroc sur l’ensemble de l’année 2004. La montée en puissance de la Logan va se faire en partie au détriment d’autres véhicules, dont ceux actuellement assemblés par la Somaca. Sans parler de 45 000 voitures/an, la Somaca, grâce à la Logan, va toutefois atteindre des niveaux de production qu’elle n’a jamais connus. Dès lors, un retour à l’embauche est envisageable.
J.A.I. : Pourquoi, selon vous, la Dacia Logan va-t-elle réussir là où la Fiat Palio a échoué ?
L.P.D.S. : Il me paraît sévère de parler d’échec : la Palio a permis à Fiat de dominer le marché marocain pendant dix ans. Quant à la Logan, je suis persuadé de son succès. Car elle correspond exactement à ce qu’attendait une large partie du public marocain : une voiture tricorps, avec cinq vraies places à bord et un vaste coffre, à la fois moderne et robuste, économique à l’usage, et d’un rapport qualité/prix imbattable.

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