Mimi Plange, la mode ghanéenne venue de Ny au Festival N’Zassa

A l’occasion du festival N’Zassa Mode de Treichville, rencontre en backstage avec la styliste ghanéenne, Mimi Plange, à quelques heures du coup d’envoi de son défilé.

Mimi-Plange

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eva sauphie

Publié le 14 mars 2017 Lecture : 4 minutes.

« Tu ressembles tellement à Maria Borges », lance l’un des photographes à Irie Christiane, mannequin ivoirien de 16 ans, qui n’a, en effet, rien à envier au top angolais. Flanquée d’une micro jupe en chute de perles scintillantes et d’une chemise blanche, on lui ajoutera un bomber crème aux manches incrustées d’écailles pour finir son look.

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« On l’a ! », s’enthousiasme Mimi…  Cet effet « peau de sirène » qui émaille les pièces de la collection ici et là, la designeuse née au Ghana et basée à New York, la doit à une technologie italienne baptisée trapunto.

Raconter l’histoire et s’amuser avec la mode

Pour autant, c’est bien l’Afrique qui est à l’honneur à travers ces impressions que l’on retrouve greffées sur les créations. « Je suis fascinée par ces femmes africaines au visage scarifié, je trouve cela tellement beau. Cette tradition m’inspire, j’y vois des formes géométriques, des lignes… J’ai toujours voulu trouver la technique qui me permettrait de retranscrire cet art dans mes collections », confie la styliste.

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Pour le festival N’Zassa, Mimi Plange a choisi de réinterpréter l’allégorie de la poupée Ashanti venue du Ghana, en lui apportant un supplément de fun. Ou quand Marie-Antoinette croise l’African queen des temps modernes.

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Fini les codes et les frontières… « On retrouve des zèbres, des ailes de papillons, je revisite les imprimés africains, puise dans la tradition du body painting en l’adaptant sur textile, et j’y mêle des références victoriennes qui renvoient directement à l’époque coloniale au Ghana. Il s’agit aussi de notre histoire, d’où ma volonté de mixer toutes ces influences ».

Il n’y a qu’à étudier son look de plus près pour se rendre à l’évidence. Avec son crâne semi rasé, tatoué d’un éclair de génie, sa création capillaire haut perchée sur la tête – qui n’est pas sans rappeler les coiffes des reines africaines, version pop –  sa maxi jupe baby doll aux couleurs pastel et aux accents jungle, ses baskets blanches à plateformes, sans oublier ses maxi lunettes, la styliste est l’ambassadrice de sa propre marque.

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La femme Mimi est chic, pleine d’audace, mais elle est aussi bien dans son époque. « J’ai commencé à concevoir des collections sportwear, confie celle qui a fait ses classes au Fashion Institute of Design and Merchandisig à l’université de Californie. Les gens aujourd’hui veulent du confort. Les femmes sont élégantes mais pressées, elles souhaitent juste enfiler la tenue parfaite et foncer. Elles sont cosmopolites et veulent être à l’aise partout où elles vont ».

Représenter les cultures métissées d’Afrique

Héritage africain, ouverture au monde… Le label ne pouvait pas trouver meilleure plateforme que le festival N’Zassa et le défilé des « Cultures métissées » pour transmettre sa vision de la mode. Aux côtés du Ghana, le Cameroun, avec la styliste Anna Ngann Yonn (Kreyann), l’Afrique du Sud avec David Tlale, la France, représentée par la hair deisgneuse Nadeen Mateky, et bien sûr la Côte d’Ivoire avec la jeune Nakissa et les pionniers du genre que sont Pathé’O, Gilles Touré et le fondateur du festival, Ciss Saint Moïse.

La mode du continent et de sa diaspora est en marche vers l’unité. « Nous devons penser cette industrie à travers une vision globale. Et c’est ce que fait Ciss Saint Moïse avec ce festival. Il y a énormément de fashion weeks un peu partout dans les pays d’Afrique, nous devons aussi être raisonnables et cohérents si nous voulons retenir l’attention, analyse Mimi Plange. Si nous voulons que le secteur de la mode aille de l’avant en Afrique, nous devons aussi nous affranchir de l’étiquette du designer africain qui n’habille que les Africains. C’est de cette manière que l’on peut être en mesure d’implanter une marque et de se faire un nom en dépassant les frontières ».

Et cela, la designeuse – dont les créations ont été portées par Michelle Obama, herself, Rihanna, et plus récemment Viola Davis lors de la promotion de Fences – l’a bien compris. Si les célébrités arborent aujourd’hui ses robes, la styliste ne le doit qu’à son savoir-faire. « Les collections que nous concevons sont d’aussi belle qualité que les autres et nous devons prendre conscience que nous avons le savoir-faire nécessaire pour rivaliser avec l’Occident », admet la designeuse.

Parce que « chaque designer africain a une histoire singulière à raconter, et surtout à transmettre au monde », concède celle qui souhaite avant tout que les créateurs changent de narration en s’affranchissant des sempiternels imprimés dits « afro » qui ont le vent en poupe ces dernières années. « Ce n’est qu’une parcelle de que nous faisons, il y a tellement d’autres richesses à exploiter dans nos pays d’Afrique ». Fouiller dans l’histoire, ré-exploiter le patrimoine culturel pour le faire émerger à nouveau, s’affranchir du mimétisme et d’une mode africaine uniformisée, standardisée, voilà ce que souhaite Mimi Plange.

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