John Fru Ndi

Le leader du SDF, qui ne parle que l’anglais, est aussi victime de son autori tarisme.

Publié le 27 septembre 2004 Lecture : 2 minutes.

Surnommé le chairman par ses partisans, le président du SDF est à la tête de la première force de l’opposition camerounaise depuis quatorze ans. Seul candidat à s’être fait investir par son parti, John Fru Ndi s’est imposé sans difficulté face à deux concurrents. Succès qu’il n’a pas eu à la tête de la coalition des forces de l’opposition, où il a tenté jusqu’au bout de s’imposer. En vain.
Le lancement de son parti le 26 mai 1990 à Bamenda, dans un contexte de violence et de répression militaire (six morts et des dizaines de blessés), avait donné à cet anglophone autoritaire l’occasion de se bâtir une réputation d’adversaire majeur de Paul Biya. En développant une opposition frontale et un discours populiste avec pour thèmes de prédilection la lutte contre la corruption ainsi que le départ de Paul Biya du pouvoir. Libraire de profession, John Fru Ndi est de formation scolaire plutôt modeste. Déficit qu’il a su compenser en devenant un orateur charismatique et brillant, dont le discours musclé séduit les masses populaires et les gagne-petit, victimes de la crise économique.
En 1992, à la première élection présidentielle pluraliste au Cameroun, il se présente à la tête de l’Union pour le changement, un regroupement de partis politiques et d’associations hostiles à Paul Biya. Sa campagne placée sous le slogan « Biya must go » (« Biya doit partir ») lui permet de rassembler près de 37 % de suffrages, contre 39,97 % pour le président sortant, dont il devient alors, de facto, le principal challengeur.
Après la défection de plusieurs cadres intellectuels, le SDF n’a cessé de perdre du terrain au fil des élections. Érosion aggravée par les atermoiements de son leader qui ont ainsi réduit le champ d’influence de ce parti, notamment en zone francophone où seuls l’Ouest et une partie du littoral lui restent encore favorables. John Fru Ndi n’a pas réussi à convaincre ses camarades de la Coordination de l’opposition pour la réconciliation et la reconstruction nationales (CNRR), qui lui ont préféré Adamou Ndam Njoya, estimant que le chairman ne remplissait pas les critères de bilinguisme, d’aptitude au dialogue et qu’il ne justifiait pas d’une « capacité managériale éprouvée ».

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