Faites la paix !

Le prix Félix-Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix 2003 a été remis au grand mufti de Bosnie et au cardinal Etchegaray.

Publié le 27 septembre 2004 Lecture : 2 minutes.

Comme chaque année, la grande salle du siège parisien de l’Unesco a accueilli, le 21 septembre, la cérémonie de remise du prix Félix-Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix. Un prix créé par l’Unesco en 1989, et qui pour l’année 2003 a été décerné conjointement au grand mufti de Bosnie-Herzégovine, Mustafa Ceric, et au cardinal catholique français Roger Etchegaray.
La tribune officielle, présidée par le directeur général de l’Unesco, Koïchiro Matsuura, était l’objet de tous les regards. À ses côtés siégeait l’ancien président ivoirien Henri Konan Bédié, désigné du vivant du « Vieux » comme Protecteur du prix. Son discours, emprunt d’un humour qu’on ne lui connaissait pas, a déclenché une véritable ovation, notamment lorsqu’il a félicité les lauréats en son propre nom, celui de « président de l’incontournable Parti démocratique de Côte d’Ivoire ». Il faut dire que le gouvernement ivoirien n’était représenté que par le ministre des Affaires étrangères, Mamadou Bamba, lui aussi membre du PDCI. Fort de ce soutien quasi militant, le président déchu n’a pas hésité à rendre hommage à quelques invités triés sur le volet : Thérèse Houphouët-Boigny bien sûr, mais surtout le « Premier ministre Alassane Dramane Ouattara », venu pour la première fois assister à l’événement. Autre personnalité chaleureusement saluée : Daniel Kablan Duncan, ministre de l’Économie et des Finances du gouvernement Ouattara entre 1990 et 1993, puis Premier ministre à l’arrivée de Bédié au pouvoir.
Le président du jury, ancien secrétaire d’État américain et Prix Nobel de la paix, Henry Kissinger, a fait défection. Mais l’absence la plus remarquée fut celle du président Abdou Diouf, parrain du Prix, en tournée depuis le 13 septembre dans l’océan Indien – Maurice, Madagascar et Seychelles -, et qui n’avait jamais manqué cette cérémonie.
Les deux lauréats n’en ont pas pris ombrage. Ravis de cette distinction, qui comprend une médaille d’or, un diplôme et un chèque de 122 000 euros, ils ont exprimé leur reconnaissance avec talent. Hasard de la vie, sans avoir jamais travaillé ensemble, les deux hommes se connaissaient. En effet, Mgr Etchegaray avait rendu visite au grand mufti Ceric en 1993, au moment où la guerre civile jetait chrétiens contre musulmans en Bosnie. En récompensant deux partisans du dialogue interreligieux et de la réconciliation, le jury du prix Houphouët-Boigny adresse un signe discret aux Africains comme aux Occidentaux : faites donc de même.

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