Lamic Kirabo, une blogueuse ougandaise qui fait briller le made in Africa

Si son blog Third Local est un petit Eden 2.0, Lamic Kirabo ne se contente pas de vendre du rêve. En plus de promouvoir la mode africaine, elle espère bien aider à développer les jeunes pousses du secteur en… local.

befunkycollage © LAMIC KIRABO

befunkycollage © LAMIC KIRABO

eva sauphie

Publié le 16 février 2018 Lecture : 3 minutes.

Fraîchement débarquée depuis cinq mois dans la capitale française pour y suivre un BA en fashion marketing à l’IFA de Paris, l’Ougandaise Lamic Kirabo a, du haut de ses 21 ans seulement, déjà tout d’une pro. Auteure depuis 2015 du blog de mode et de lifestyle, Third Local, elle est parvenue à fédérer une communauté solide venue d’Afrique du Sud, de l’Est, mais aussi du Royaume-Uni où une bonne partie de sa famille est aujourd’hui installée. Elle compte pas moins de 11 000 followers sur Instagram et fédère chaque mois 300 000 vues par an. « C’est pas mal du tout, compte tenu du fait qu’aujourd’hui, beaucoup de blogueurs désertent leurs sites pour une présence sur Instagram exclusive », éclaire-t-elle.

La voix de sa génération

Mais pas question pour cette touche-à-tout – elle réalise elle-même ses shootings et officie en tant que photographe et modèle freelance en Ouganda – de céder au buzz et à la pression du « swap ». « Je pense que les utilisateurs sont aussi fatigués de consommer l’information rapidement. Et le beau contenu vendu sur Instagram devient saturé. Il est également important pour moi d’offrir un contenu de qualité, avec des choses à lire ! Et pas seulement de jolies images à regarder », analyse la vingtenaire avec une maturité déconcertante. « Je pense en réalité que les blogs font leur grand retour. On se doit aujourd’hui en tant que blogueur d’être une voix, d’avoir un discours », complète Lamic, qui préfère miser sur la méthode du slow blogging avec deux posts Instagram par jour et trois articles publiés chaque semaine sur Third Local. Elle s’autorise d’ailleurs des breaks tous les trois mois, pendant deux semaines. Un moyen de prendre du recul et de se concentrer sur ses projets.

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Un projet solide

https://www.instagram.com/p/BfQUrQBFr10/?taken-by=intothechic

C’est donc avec un vrai positionnement que la future consultante en mode s’est imposée dans la blogosphère. Quand nous la retrouvons dans un café parisien du 16e arrondissement, elle arbore un sweat-shirt à message de la marque ghanéenne Libaya, qui en dit long : « The future is female and African” (le future c’est la femme et l’Afrique). Parce que Lamic Kirabo compte bien, une fois son diplôme en poche, retourner en Ouganda pour aider les jeunes pousses de la mode locale à développer leur business.

« En Ouganda, j’ai travaillé avec différentes marques. Il existe tant de jeunes créatifs, mais ils manquent d’organisation et de structure. Et ils finissent par abandonner. C’est pourquoi j’espère monter une agence en Ouganda pour accompagner les créateurs montants sur la partie business et les aider à s’implanter sur le marché africain mais aussi en dehors du continent », explique celle qui a volontairement choisi Paris pour ses études afin de développer des connexions entre l’Europe et l’Afrique.

Une vitrine pour les créateurs africains

Parce qu’à l’instar de sa génération, cette millennial biberonnée à Internet n’a pas de frontières géographiques. Elle a une vision globale du marché de la mode africaine. Les estampilles qu’elle met en lumière sur son blog proviennent autant de l’Afrique anglophone que des pays francophones. On la voit poser dans des créations venues du Sénégal, comme celles signées des créatrices Sophie Zinga ou Selly Raby Kane – styliste qu’on ne présente plus – du Ghana avec la griffe Akosua Afriyie-Kumi, et bien sûr de son pays natal (Gloria Wavamunno, Kona ou encore Sylvia Owori).

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« L’Afrique est très connectée. Il est très facile pour moi, en tant qu’Ougandaise, de m’identifier aux créations kényanes ou sud-africaines. Or, notre problème c’est qu’on ne parvient justement pas à voir par-delà les frontières de nos pays. C’est pourquoi il est très important pour moi de mixer tout le monde, tout le continent, et de prouver qu’on peut travailler ensemble. Une marque ougandaise peut très bien être vendue au Sénégal et inversement. », constate cette nouvelle ambassadrice de la mode africaine à Paris.

Et pour cause, hormis quelques dignes représentantes comme Black Beauty Bag, rares sont les blogueuses noires à s’être fait un nom en France. Et Lamic Kirabo a bien conscience qu’il y a un sillon à creuser. Elle est d’ailleurs la première surprise de l’accueil qui lui est réservé. « Les gens ici [à Paris] sont très réceptifs à la nouveauté et aux profils un peu inédits de blogueurs. J’ai acquis une audience parisienne. Même les marques sont venues vers moi, alors que je pensais mettre mon blog en stand-by à cause de la barrière de la langue », observe celle qui a collaboré avec la créatrice Nelly Wandji, pour ne citer qu’elle. Et qui continue donc, même à Paris, à promouvoir la création afro.

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