5 questions à Mariam Diaby, fondatrice de Nappys de Babi

Le mouvement Nappy gagne du terrain en Afrique. Preuve avec la communauté Nappys de Babi fondée à Abidjan. Entretien avec sa fondatrice, Mariam Diaby.

MARIAM DIABY

MARIAM DIABY

eva sauphie

Publié le 9 novembre 2016 Lecture : 3 minutes.

Entrepreneuse ivoirienne et consultante en stratégie des réseaux sociaux, Mariam Diaby, trentenaire abidjanaise, a fondé en 2011 la communauté Nappys de Babi. Cette plateforme en ligne et physique vise à aider les femmes à entretenir et assumer leurs cheveux crépus au naturel.

Vous avez lancé la communauté Nappys de Babi en 2011. De quel constat êtes-vous partie ?

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Quelques mois avant de lancer Nappys de Babi, je venais de me couper les cheveux. Et très vite, trouver le bon coiffeur à Abidjan, capable de s’occuper de mes cheveux, est devenu problématique. A l’époque, très peu de salons étaient en mesure de traiter le cheveu crépu.

Face à cette impasse, j’ai eu l’idée de réunir quelques amies qui avaient aussi le cheveu naturel, au sein d’un même espace où l’on pouvait échanger des conseils et des astuces beauté pour entretenir nos cheveux. De là est née la communauté Nappys de Babi, sur Facebook d’abord, avec seulement 3-4 personnes. Aujourd’hui la communauté compte environ 17.000 membres sur le groupe Facebook, et 11.000 sur le site.

Comment avez-vous découvert le mouvement nappy, était-il déjà en marche à Abidjan en 2011 ?

Lorsque j’ai coupé mes cheveux suite à des problèmes de casse, je ne pensais pas nécessairement les laisser pousser au naturel. J’ai commencé à faire des recherches pour savoir comment m’en occuper pendant la période de repousse, et c’est à ce moment-là que j’ai découvert l’ampleur du phénomène nappy en France, via Internet.

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De qui est constituée la communauté et que recherche-t-elle avant tout ?

Le groupe est composé de toutes sortes de profils. On retrouve des personnes qui recherchent des conseils pour entretenir leurs cheveux crépus – elles sont nombreuses à avoir des problèmes de cuir chevelu – des femmes qui ont surtout le souci le connaître les bons gestes. La plateforme a été salvatrice pour beaucoup d’entre elles.

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Nous retrouvons aussi des professionnels du secteur : des instituts, des salons de beauté, des coiffeuses. Nous essayons de regrouper des personnes qualifiées, en tâchant de mettre régulièrement à jour les profils pour que les professionnels puissent répondre aux besoins de chacune, également lors des événements.

Par ailleurs, on essaie de promouvoir et d’accompagner les marques locales et régionales. De nombreuses femmes ont créé des gammes particulièrement adaptées aux cheveux naturels, mais n’ont pas la même visibilité que les grands groupes. Certains membres vont également nous parler de nouvelles marques aux ingrédients naturels, etc. Toute la communauté participe à l’enrichissement du projet.

Nappys de Babi, ce sont aussi des rencontres IRL autour de brunchs et d’ateliers organisés dans le cadre d’événements à Abidjan. Comment s’articulent ces rencontres ?

Les rencontres sont toujours différentes. Elles vont varier en fonction de la thématique. Certaines vont être centrées sur la formation avec la mise en place de nombreux ateliers en présence de professionnels, d’autres vont davantage être axées sur l’échange autour de thèmes généraux comme l’entretien des cheveux crépus, ou plus spécifiques comme l’hydratation.

Comment est perçu le phénomène nappy à Abidjan ? Quels changements avez-vous constaté depuis le lancement de Nappys de Babi ?

Je dois avouer qu’en 2011, je voyais très peu de femmes avec les cheveux crépus naturels dans les rues d’Abidjan. Cinq ans plus tard, ce n’est plus du tout le cas. Il y a eu un changement assez radical. Les femmes affichent leurs cheveux crépus partout : dans la rue, dans les émissions de télé, au bureau.

Parallèlement, les coiffeuses se forment de plus en plus. A Abidjan, il y a des salons implantés un peu partout, et quand je me rends dans l’un d’entre eux, j’essaie d’accompagner au maximum les coiffeuses en leur montrant les gestes à adopter ou à éviter : ne pas tirer les cheveux, ne pas les peigner quand ils sont secs, apprendre à les démêler au doigt, préparer des soins adaptés et faciles à appliquer. Elles savent aussi réaliser des coiffures dédiées aux cheveux crépus.

Sans vouloir m’attribuer le mérite, je pense que Nappys de Babi a aidé à démocratiser le port du cheveu crépu de manière décomplexé. Les Abidjanaises assument leurs cheveux, elles savent qu’elles peuvent les porter en afro, les natter etc. Elles n’ont pas besoin de les cacher !

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