Clignotants au vert

Hormis quelques démêlés avec le FMI, la santé économique du pays s’améliore, et Yaoundé espère l’annulation d’une partie de la dette pour fin 2005.

Publié le 27 septembre 2004 Lecture : 3 minutes.

« Le Cameroun est off-track depuis le 30 août 2004. » Dans le jargon des « hommes en gris » du Fonds monétaire international (FMI) à Washington, cela signifie que le pays est sorti du cadre de partenariat tracé par l’institution. Les répercussions sont loin d’être négligeables puisque le Cameroun était sur le point d’atteindre le « point d’achèvement », qui devait permettre au pays de bénéficier de l’annulation de plus de la moitié de sa dette publique (estimée à 5,4 milliards d’euros), dans le cadre de l’Initiative Pays pauvres très endettés (PPTE).
Tout avait pourtant bien commencé. En juin 1997, soit un an après le lancement de l’Initiative PPTE par les membres du G7 à Lyon, le Cameroun est pressenti pour bénéficier d’un allègement de dette. Un accord de facilité d’ajustement structurel renforcée (FASR) est alors signé avec le FMI. Ce programme de rigueur financière – baisse des dépenses publiques, réduction des emplois, des salaires, augmentation des impôts et des taxes – est bien exécuté par les autorités jusqu’à son terme en juin 2000. Le gouvernement donne également des gages de transparence en matière de gestion des ressources pétrolières et réalise d’importantes réformes, comme l’adoption d’une nouvelle législation forestière, la privatisation de plusieurs entreprises publiques et la mise en place d’un guichet unique au port de Douala.
Parallèlement, un important travail de réflexion est engagé pour l’élaboration d’un document de stratégie de réduction de la pauvreté (DSRP) qui associe le secteur privé, la société civile et les bailleurs de fonds. Le pays est alors cité en modèle. Bon élève, il franchit les étapes les unes après les autres : le point de décision (date à laquelle les bailleurs de fond commencent à alléger la dette) est atteint en octobre 2000, et le Club de Paris annule environ 730 millions d’euros de la dette extérieure.
Ce processus va connaître un coup d’arrêt lorsque le chef de l’État décide de nommer, en août 2002, une nouvelle équipe, qualifiée de « gouvernement pour aller aux élections ». Le ministère des Finances et du Budget éprouve des difficultés à travailler avec celui des Affaires économiques, de la Programmation et de l’Aménagement du territoire. Le FMI dénonce alors une mauvaise coordination des activités et un manque de contrôle des finances publiques. Le programme de privatisation connaît des ratés, et le FMI va même jusqu’à accuser le gouvernement de lui fournir des données erronées.
En août 2004, la sanction tombe : le Cameroun est « off-track ». En septembre, les bailleurs de fonds demandent aux autorités de reprendre langue avec le FMI pour l’élaboration d’un programme de « rattrapage » de douze mois. Si les pouvoirs publics coopèrent de manière satisfaisante, le Cameroun pourrait atteindre le point d’achèvement fin 2005.
Car malgré la sanction du FMI, force est de constater que l’économie camerounaise ne se porte pas si mal. Avec une croissance de plus de 4 % depuis 1997 et un taux d’inflation inférieur à 3 %, le pays est l’un des moteurs de la sous-région. Ces trois dernières années, la création de l’oléoduc reliant les champs pétrolifères de Doba au Tchad à Kribi au sud-ouest du pays a stimulé l’activité dans les travaux publics. Par ailleurs, la pacification en cours en Afrique centrale et la montée des nouveaux États pétroliers, comme la Guinée équatoriale, se traduisent par une hausse des exportations de produits agricoles (cacao, banane, produits maraîchers…), dont la production devrait augmenter. Et la perspective de découverte d’hydrocarbures dans la péninsule de Bakassi – une fois les troupes nigérianes retirées – est prometteuse. Sans compter la transformation du bois et l’exploitation du gisement de nickel et de cobalt de Lomié, au Sud-Est. Mais, si le pays ne parvient pas à s’entendre avec la communauté internationale, l’argent de la remise de dette tardera à venir… tout comme les investissements prévus dans les secteurs sociaux, l’éducation, la santé et le développement rural.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires