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Publié le 27 octobre 2003 Lecture : 5 minutes.

Un auteur « non Western »
Même si Edward Saïd, qui est décédé ce 24 septembre (J.A.I. n° 2230), est devenu américain, on peut considérer qu’il est un auteur non Western. J’ai lu trois de ses ouvrages et je dois dire qu’il est un de ceux qui m’ont aidé à mieux comprendre les concepts politiques de l’Occident et de l’Orient. Pas uniquement politiques d’ailleurs.

Konan Banny : les précisions de la BCEAO
Dans votre livraison n° 2231 du 12-18 octobre 2003, vous avez publié, sous la rubrique « Confidentiel », un article intitulé : « Konan Banny sort du bois ». Cet article laisse entendre que la conférence de presse du gouverneur de la BCEAO (Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest), prévue à Paris le 28 octobre, serait le prélude à son entrée en campagne pour l’élection présidentielle ivoirienne de 2005.
À la lecture de ces prétendues révélations, la BCEAO souhaite porter à la connaissance de vos lecteurs les précisions ci-après :
Il est de tradition que le gouverneur de la BCEAO rencontre la presse à Paris, notamment à l’issue de la réunion des ministres des Finances de la zone franc. Cette année, l’agence International Public Relations (IPR), chargée à l’origine de la promotion en France de l’ouvrage sur l’histoire de l’UEMOA, et qui est depuis bientôt trois ans l’Agence Conseil de la BCEAO pour ses actions de communication en Europe, a décidé de fixer la date de ce rendez-vous traditionnel au mois d’octobre, en raison de la participation du gouverneur aux assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale à Dubaï. La date du 21 octobre, initialement proposée, a été ensuite décalée d’une semaine pour tenir compte des contraintes du calendrier du gouverneur de la BCEAO.
Le format retenu pour cette conférence de presse ne constitue pas une première. C’est exactement dans les mêmes conditions que le gouverneur avait, le 12 juillet 2001, été l’invité du Press Club de France. Pourtant, aucune relation n’avait été établie à l’époque avec l’actualité politique en Côte d’Ivoire.
La BCEAO a acquis depuis très longtemps la conviction que la communication et la transparence constituent les meilleurs moyens de gagner la confiance des marchés financiers et du public. La conférence de presse du 28 octobre, comme toutes les autres interventions du gouverneur de la BCEAO, doit être placée dans ce seul et unique cadre du plein exercice du mandat que les plus hautes autorités de l’Union lui ont confié et qui implique une obligation légale de responsabilité.
Enfin, dans le souci de dissiper toutes les confusions préjudiciables à une bonne intelligence des objectifs visés à travers l’organisation de la rencontre du gouverneur de la BCEAO avec la presse parisienne et internationale accréditée dans la capitale française, il nous paraît utile de rappeler que celle-ci vise essentiellement un triple objectif :
– faire le point sur la situation économique, financière et monétaire de l’UEMOA au lendemain des réunions des instances de l’Union, tenues à Bamako du 8 au 11 septembre, du Conseil des ministres des Finances de la zone franc et des assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale ;
– mettre l’accent sur les grands défis auxquels la BCEAO doit faire face au cours du présent millénaire ;
– rassurer le public, mais surtout les milieux financiers et les investisseurs sur le caractère conjoncturel des difficultés actuelles de la Côte d’Ivoire et de la Guinée-Bissau, et leur démontrer combien l’espace intégré que constitue l’UEMOA demeure une zone pleine de potentialités et donc une zone d’espoir et de prospérité.

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Moktar, Zinsou et le facteur
Un homme vient de mourir, un honnête homme : Moktar Ould Daddah, ancien chef du gouvernement du régime de l’autonomie, dit régime de la loi-cadre Defferre, et premier président de la Mauritanie indépendante. Homme de devoir, nullement attiré par les feux de la rampe, éloigné des bruits et du tapage des médias, Moktar fait partie des chefs d’État africains qui ont honoré la fonction et leur pays. Il a conduit son action en nationaliste réaliste, en patriote convaincu, en chef d’État lucide et responsable. Nous étions amis de longue date et je l’ai souvent vu pendant son exil. Nous nous retrouvions avec notre ami commun le président Ahmadou Ahidjo, à qui le liait une solide amitié.
Remonte à ma mémoire, en ce jour, le souvenir de ces rencontres qui n’avaient pour raison et pour sujet que notre amitié et notre souci du devenir de nos pays.
Lorsque enfin il put rentrer dans son pays, en Mauritanie, de Cotonou où j’étais, je lui ai adressé un télégramme où je lui disais ma joie et lui formulais mes voeux. Ma surprise, pour ne pas dire ma stupéfaction, fut grande lorsque, quelque temps après l’envoi de mon message, je reçus des services postaux de Nouakchott un mot m’informant que mon télégramme n’avait pas pu être remis au destinataire, faute d’adresse.
En effet, je l’avais adressé au président Moktar Ould Daddah, Nouakchott, croyant naïvement que s’agissant du « père de la Nation », cela suffisait. J’ai plaisir à constater, à la suite du deuil national décrété par le gouvernement mauritanien, que le facteur n’avait agit que par… disons ignorance.
Moktar Ould Daddah était un homme simple, modeste. Il a traversé son exil comme le reste de sa vie avec discrétion et dignité.

Putschiste et star
Le manque de démocratie et la mauvaise gouvernance sont quelques-unes des causes des coups d’État en Afrique. L’unanimité autour d’Amadou Toumani Touré (Mali) est en train de se refaire autour du général François Bozizé (Centrafrique). Vous n’avez pas hésité à le qualifier de « monsieur Propre » dans J.A.I. n° 2230. Quel militaire n’aimerait pas aussi devenir « star » ? Ne soyons donc plus surpris par la fréquence des coups d’État en Afrique.

Une amitié de trente ans
Je vous remercie d’avoir publié mon témoignage sur Moktar Ould Daddah (J.A.I. n° 2232). Témoignage exact, sauf qu’il m’attribue une relation de « plus de cinquante ans » avec lui. Je ne veux pas passer pour un usurpateur d’amitié. Notre relation constante a duré, en fait, plus de trente ans. D’excellents amis, eux, de plus de cinquante ans étaient là le jour des adieux à Paris (17 octobre), veille de son enterrement à Boutilimit, en Mauritanie. Ces étudiants des années 1950, tels Jacques Chavance ou Bernard Lauze, sont devenus de grands commis de la France et n’ont jamais perdu le fil de la vraie amitié, discrète, loyale et désintéressée. Le témoignage de Pierre Messmer, ancien Premier ministre français, publié dans le même numéro, illustre à merveille la politique de Ould Daddah qui s’est dégagé, à la bourguibienne, d’une emprise française trop pesante sans payer un « prix fort ».

Réponse : une erreur de saisie de votre manuscrit nous a fait écrire « cinquante » au lieu de trente. Mille excuses.

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