Audrey Keita : une entrepreneure qui a créé un métier qui lui ressemble

Quitter le monde stressant de la communication pour son bonheur personnel ? Une décision prise par la Franco-Guinéenne Audrey Keita, aujourd’hui à la tête de sa structure The Funky Fresh Project créée en 2016. Art textile, tricothérapie et nouvelles ambitions, cette entrepreneure de 36 ans revit !

AUDREY KEITA

AUDREY KEITA

Publié le 14 juin 2018 Lecture : 5 minutes.

Elle sort de son sac une pochette recouverte de tissu wax et la pose doucement sur la table. Audrey Keita tire sur la fermeture éclair et là, une autre étoffe faite de pièces triangulaires de toutes les couleurs apparaît. « Il suffit d’un détail pour que deux mondes se rencontrent. Voilà un pont entre l’Afrique et l’Italie », se réjouit-elle laissant jaillir deux grandes fossettes sur ses joues. De ses mains, Audrey Keita a confectionné une série de pochettes toutes doublées et uniques signées The Funky Fresh Project. Un nom musical qui parfois divise mais renferme à perpétuité une signification particulière pour la créatrice :

« Derrière ce mot se cache l’idée que je prends du plaisir dans ce que je fais. Je m’amuse, je ne suis pas dans une case. Je fais de la vente en ligne, de la création textile, je tiens un blog et j’anime des ateliers créatifs », liste-elle paisiblement. Si aujourd’hui l’entrepreneure est comblée, elle avoue ne pas l’avoir été durant plusieurs années.

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Ancienne responsable de la communication et de la gestion des médias dans une grande entreprise de communication à Paris, Audrey Keita a vécu une vie pétulante et rythmée par un stress quotidien pendant plus de dix ans : « C’était beaucoup d’événements, de déplacements, de temps passé dans les transports en commun. Je rentrais chez moi à 22h et je continuais à travailler. Je n’avais pas d’équilibre entre vie privée et vie professionnelle ».

Elle s’est vite demandé si son métier la faisait réellement vibrer malgré sa passion pour la communication. « Je me suis éclatée durant ce temps mais j’ai grandi. Mes aspirations ont changé après mes 30 ans. Entre profiter à Cannes sur le tapis rouge et être chez moi avec mon copain, aujourd’hui je choisis chez moi ».

Droit au fil

Tout a commencé il y a six ans par l’achat d’une maison de campagne décorée et meublée par plusieurs choses rénovées et/ou récupérées. « Le fait de mettre des activités manuelles dans ma vie de tous les jours m’a fait réfléchir sur la manière dont on consommait. Je me suis rendue compte de tout ce qu’on pouvait créer quand on sait se servir de ses mains. J’ai commencé à coudre, ça m’a apaisée dans cette vie de stress ». Et ce fut une révélation pour elle.

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Deux ans plus tard, elle crée The Funky Fresh Project, un blog DIY – dans le but de partager des tutos et montrer qu’avec deux mains on peut tout faire – puis ouvre en 2016 une boutique Etsy du même nom avec des accessoires en vente. Elle participe ensuite à des salons et finit par quitter le monde de la communication : « Après 4 années de réflexion, j’ai fait le grand saut ! J’ai pris un congé pour création d’entreprise qui me permettait de retourner chez mon employeur si mon projet ne fonctionnait pas au bout de deux ans. Il existe plein de façon de lancer son entreprise de façon sécurisante. Ça n’a pas été facile, mais toutes les embûches m’ont permis de voir si je croyais réellement en mon projet ».

L’un de ses plus gros défis ? L’administration. « C’est un vrai parcours du combattant ! Quand tu fais tout toute seule, tu ne sais pas à qui t’adresser. Tu peux avoir 15 000 réponses différentes en fonction de l’interlocuteur que tu as, c’est vraiment compliqué. Certains banquiers pensaient que mon projet était juste une lubie, on ne me prenait pas au sérieux ».

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À lire : Comment écrire un pitch efficace pour présenter son projet ? 

Tricothérapie, confiance en soi et un pas vers l’autre

Belle revanche lorsque l’on regarde sa clientèle diversifiée, qui s’étend de la petite fille à la retraitée. Elle les rencontre lors de ses ateliers créatifs (un business model établi depuis ses débuts) en collaboration avec La Recyclerie, La Textilerie ou encore la mairie du 18ème dans le cadre de la Fête des Vendanges de Montmartre sur l’opération YarnBombing : forme d’art de graffiti qui utilise le tricot et d’autres techniques utilisant du fil pour recouvrir l’environnement urbain.

Au programme de ces ateliers créatifs ? Upcycling (ex : recycler son t-shirt), DIY ou simplement du tricot, une activité qui s’avère très apaisante une fois la technique maîtrisée : « On fait appel à la mémoire cognitive grâce à la matière comme la laine, c’est plein de sensations différentes qui peuvent nous envahir d’un sentiment de bien-être. Souvent le tricot nous fait penser à nos grands-mères ou à nos mamans. Le fait de répéter plusieurs fois le même geste est presque hypnotique, c’est comme une spirale. Et cela peut nous mettre dans un état un peu méditatif. C’est en cela que le tricot est le nouveau yoga » déclare Audrey Keita.

Qu’ils soient cadres, étudiants ou enfants, les membres sont au même niveau dans les ateliers d’Audrey Keita. « C’est super parce qu’il n’y a plus de barrières générationnelles ou sociales. C’est très imagé mais dans l’art textile, il y a vraiment cette notion de créer du lien et mettre un fil conducteur entre les gens. Ils échangent, s’amusent et passent un bon moment ensemble », déclare la cheffe en fonction depuis plus d’un an.

https://www.instagram.com/p/Bi4cH77F3KU/?taken-by=thefunkyfreshproject

Asseoir sa crédibilité d’entrepreneure en pleine reconversion n’a pas été simple. Audrey Keita souffre parfois du syndrome de l’imposteur, mais parce qu’elle ne s’est jamais sentie aussi bien et a l’impression d’être à sa place, elle continue. Plus encore, elle veut faire part de son expertise aux autres.

Le bien-être avant tout !

En tant qu’ex-salariée et manager, elle est bien placée pour savoir que les entreprises n’ont pas toujours les outils pour promouvoir le bien-être et le bonheur au travail. Pour y remédier, Audrey Keita a récemment fondé avec son amie Bénédicte Bodin, la plateforme Blooming Bees : « Il y a des solutions pour éviter le burn-out , la colère contre le patron ou autre. Plus un salarié est heureux et plus il sera productif. Il est essentiel pour les entreprises d’intégrer le bonheur et le bien-être de leurs salariés dans leurs stratégies. Dans le cadre de la semaine de la qualité de vie au travail qui se termine demain, nous avons travaillé avec l’ICADE sur une série d’ateliers à présenter aux entreprises ».

En plus de cela, Audrey Keita réalise de temps en temps des missions de communication, car « créer son entreprise est une part d’incertitude donc [elle] capitalise sur mes compétences », avant de parvenir à une totale indépendance financière.

Cela ne tardera pas à arriver car ses nouvelles activités et les opportunités pour The Funky Fresh Project sont nombreuses ! Elle en vient même à refuser des projets. Prête à vivre sans frein ce nouveau choix de carrière, elle compte lancer prochainement une ligne de décoration.  « Je trouve vraiment funky d’avoir créé un métier qui me ressemble » conclut-elle avec le sourire.

Venez découvrir toutes ces créations lors de son pop up store prévu du 2 au 20 juillet au Parc-Orly-Rungis d’ICADE. 

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