5 Questions à Sonja Wanda : ancien top model et nouvelle actrice prometteuse
Son nom ne vous est sans doute pas familier. Pourtant Sonja Wanda a défilé pour les plus grands ! Aujourd’hui la Sud-Soudanaise ajoute une nouvelle corde à son arc grâce à son rôle dans le film « Par Instinct ». Entretien.
Sonja Wanda n’a jamais attendue qu’on vienne la chercher. Elle crée elle-même les opportunités et repousse continuellement ses limites. Son nouveau défi ? Le cinéma. À l’affiche du drame français Par Instinct (sortie le 15 novembre 2017) aux côtés d’Alexandra Lamy, elle livre une performance remarquée qui promet un bel avenir dans l’industrie du 7ème art.
L’action se déroule à Tanger. Là, deux femmes se retrouvent dans la même chambre d’hôpital. Lucie, brillante avocate de 40 ans, subit une énième fausse couche. Beauty, jeune nigériane, vient d’accoucher d’un enfant né d’un viol. Prise dans un réseau de prostitution, elle lui demande de prendre le bébé. « Par Instint », premier film de la réalisatrice Nathalie Marchak, aborde le sujet des migrants, la maternité et le trafic des femmes. Un film important qui révèle le talent de Sonja Wanda !
Qui êtes-vous ?
Je m’appelle Sonja Wanda, j’ai 33 ans et je vis en Norvège depuis mes 6 ans. Je suis née à Wau au Soudan du Sud. A cause de la guerre civile, ma mère a pris la décision de fuir le pays. Elle a laissé derrière elle notre famille, nos bien-aimés, nos amis. Mon passé m’a rendue forte. Je suis très ambitieuse mais je garde en même temps les pieds sur terre. Je me décris comme une personne fortement authentique.
Vous vous êtes fait connaître grâce au mannequinat. Comment votre carrière a-t-elle commencé ?
A 14 ans, je toquais à la porte de plusieurs agences avec ma mère mais je ne travaillais pas autant que je le voulais, ça ne fonctionnait pas. Un peu plus tard, j’ai pris une année sabbatique et nous sommes allées à Londres. Un marché plus grand, plus diversifié ! J’ai signé à 17 ans et j’ai pu défiler pour Fendi à Milan. C’était mon show préféré. Il y a eu aussi Karl Lagerfield, Ralph Lauren, Vivienne Westwood, MaxMara et je me souviens aussi de Baby Phat, la marque de Kimora Lee Simons. C’était de bons moments.
Les temps ont un peu changé depuis. Je suis contente de voir des models noirs sur les podiums. Il y a une évolution. Je trouve simplement dommage que la mode n’utilise pas son influence pour faire passer des messages politiques. Il y a beaucoup de choses à dire sur les pays de ces filles africaines qui défilent… Je ne peux pas fermer les yeux sur ces situations.
Aujourd’hui vous faites vos premiers pas au cinéma dans le film français « Par Instinct » dans le rôle de Beauty , une nigériane réfugiée. Un film puissant avec un premier rôle qui ne laisse pas indifférent …
Je me suis toujours dit que si je devais rentrer dans l’industrie du cinéma, j’aimerais que mon premier rôle soit dans un film fort. Quand j’ai lu le script, je suis tombée amoureuse du caractère de Beauty. Elle a traversé des épreuves et s’est battue pour survivre. Victime de la prostitution, elle représente un grand nombre de femmes dans le monde. Elle n’a personne vers qui se tourner. Je l’admire parce qu’elle n’abandonne jamais.
C’était un défi pour moi car… j’ai entendu parler de ce casting par un ami sur Facebook. Je n’avais aucune expérience ! Nathalie [Marchak] et Alexandra [Lamy] m’ont conseillée. J’ai dû apprendre vite, improviser parfois et travailler dur afin que les sentiments et émotions ressortent vraies. J’ai aimé faire ça.
J’étais tellement excitée de commencer cette aventure parce que plus je vieillis, plus je désire travailler avec des femmes. C’est important de s’entraider et d’être fortes ensembles. Quand on regarde Par Instinct, on se rend compte de la nécessité pour nous – les femmes – d’être fières de ce que nous sommes, d’êtres des battantes et des survivantes.
Model, actrice mais aussi femme d’affaires puisque, vous êtes à la tête de votre propre salon de coiffure en Norvège appelé Pretty rootswanda. Pourquoi cette reconversion ?
Je l’ai ouvert il y a quatre ans. Avant que ma carrière de model ne décolle, je me suis tournée vers le métier de coiffeuse. Ma mère a été la première femme à ouvrir un salon afro dans notre ville, Fredrikstad. Petite, je la voyais toujours dans cet univers et je me suis dis qu’un jour on pourrait travailler ensemble. Ce genre de salon est un besoin en Norvège, il y en a très peu alors que plusieurs femmes portent leurs cheveux naturels.
Malheureusement, je défrisais beaucoup mes cheveux quand je défilais. Ils étaient devenus très fins. Dans mon salon de coiffure, je prône la fierté du cheveu crépu et de la diversité. Je me suis formée pour prodiguer aux clientes les meilleurs soins et conseils. Certains coiffeurs ruinent nos cheveux en serrant les tresses trop fort, en utilisant les mauvais produits… nos cheveux sont beaux et offrent plein de possibilité de coiffures ! On peut être qui on veut (rires).
On a réussi à enlever les produits toxiques, il faut maintenant continuer ce mouvement et s’en occuper comme il faut avec l’aide de professionnels. Viola Davis, Lupita Nyong’o, Taraji P. Henson… tout le monde s’y met ! C’est enfin le moment. Moi-même je porte mon afro durant mes interviews.
Quels sont vos projets futurs ?
Ma priorité numéro un est – je sais que ça va faire plaisir à beaucoup de monde – d’apprendre le français ! Je vais également perfectionner davantage mon jeu d’acteur et trouver un bon coach. 2018 sera l’année de tous les défis alors je pense fermer le salon pour un temps. Je me prépare à devenir une actrice à part entière.
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