Jada Pinkett Smith : « être noire et une femme est merveilleux »
A l’occasion de la promotion du film Girls Trip, le Very Bab Trip au féminin complètement déjanté en salles le 13 décembre, Jeune Afrique a rencontré l’actrice mais aussi réalisatrice et productrice Jada Pinkett Smith.
« Pour être honnête avec vous, je ne sais pas ». Voilà ce que Jada Pinkett Smith répond lorsqu’on lui demande trois adjectifs pour se décrire en tant qu’actrice noire à la carrière fructueuse. 43 films et séries à son actif, 23 nominations et 5 récompenses, l’artiste de 46 ans a parcouru du chemin depuis le rôle de Beverly dans la sitcom True Colors diffusée en 1990.
Elle dispose d’un jeu d’acteur éclectique qui continue de surprendre. Si l’épouse de Will Smith excelle dans le drame Menace to Society II en 1993 ou une romance comme The Inkwell (1994) en prêtant ses traits délicats à Lauren Kelly ou encore dans les comédies Le professeur foldingue (1996) et Magic Mike XXL (2015) – pour ne citer que celles-ci – elle se complaît également, sans faire d’effort, dans l’univers de DC Comics à travers la série Gotham (2014-2017) qui retrace l’enfance de Bruce Wayne alias Batman.
Confortablement assise dans une salle luxueuse située au premier étage du palace Park Hyatt Paris-Vendôme, elle sourit encore en réfléchissant à notre question. « Sexy, hot, beautiful ! » s’écrit son agent. Les deux femmes complices se regardent et éclatent de rire ! « Maman de Willow et Jaden ? » essaie de nouveau son manager. Là, Jada Pinkett Smith ironise et acquiesce : « ça fait bien trois mots ».
Le 8 juillet 1998 à Los Angeles, elle et son mari accueillent leur premier enfant Jaden. Deux ans plus tard, Willow naît de leur union. Aujourd’hui, les deux jeunes stars influentes suivent les traces de leurs parents et sont de vrais ambassadeurs de leur génération. Jada Pinkett Smith leur montre son soutien sur toutes les plateformes… sauf une ! « Tout le monde me demande pour quelles raisons je n’ai pas de compte sur cette application… Je déteste Instagram » fait-elle savoir d’une voix douce. Alors uniquement sur Facebook et Twitter, Jada Pinkett Smith partage avec ses millions d’abonnés la musique de ses enfants ou tout projet auquel ils participent. Toute occasion est bonne pour leur montrer à quel point elle est fière d’eux. En octobre dernier, on l’a vue partager la scène de l’Afropunk avec sa fille chanteuse et modeuse, Willow, à Atlanta : un pur de moment de Black Girl Magic ! « Ca fait partie de moi » dit la maman star.
Ce n’est peut-être pas un hasard si ses deux derniers films ont en commun les thèmes de la maternité, l’amitié entre femme, le besoin de s’éloigner des responsabilités conventionnelles de mère de famille au profit d’une soirée entre copines… quitte à être qualifiée de Bad Moms (mauvaise mère), nom du film comique dans lequel elle joue en 2016.
Cette année, Jada Pinkett Smith campe le personnage de Lisa Cooper dans Girls Trip : une maman infirmière et divorcée qui peine à laisser ses deux enfants même le temps de l’Essence Festival, un rendez-vous annuel créé par le magazine américain éponyme axé sur la femme noire. C’est sans compter la ténacité de son amie jouée par une Tiffany Haddish drôle, sans complexe et attachante. Mais aussi les souvenirs des bons moments passés avec ses deux autres copines à l’université. Ces quatre femmes vont vivre une aventure dans laquelle la solidarité féminine sera au rendez-vous. Et où d’autres facettes de leur personnalité et autres secrets seront redécouverts.
Au casting, on retrouve la charismatique Queen Latifah, Regina Hall ou encore le séduisant Kofi Siriboe. Sorti en juillet dernier aux États-Unis, Girls Trip a séduit l’Amérique par l’humour cru de certaines scènes, la mise en avant de quatre femmes noires talentueuses et le traitement original de l’amitié féminine. Ce long métrage comique réalisé par Malcolm D. Lee est le premier film 100% africain-américain à franchir les 100 millions de dollars au box-office. Jada Pinkett Smith espère que le public français appréciera ce film à succès le 13 décembre 2017. Entretien.
L’amitié qui lie ces femmes est très présente dans le film. Quel regard portez-vous sur la solidarité féminine en général mais aussi dans l’industrie du cinéma, le business etc ?
Les femmes se sont toujours soutenues par des moyens différents, c’est de cette manière que les communautés continuent d’exister. Nous avons besoin des unes et des autres, c’est tellement important de travailler à développer nos relations de femme à femme dans tous les domaines. Nous sommes le reflet de chacune. Il est nécessaire d’être consciente de ce miroir que l’on représente les unes pour les autres : tu peux t’asseoir devant cette personne qui va comprendre ta beauté, ton pouvoir, ta sagesse parce qu’elle passe par les mêmes choses que toi.
Une femme peut regarder dans les yeux d’un homme, elle va peut-être se retrouver dans certaines choses mais… ça ne sera jamais comme avec ses sœurs ou les femmes qui l’entourent. Ce n’est pas la même perception. Ça ne le sera jamais.
Les quatre personnages du film l’ont bien compris ! Vous n’en êtes pas à votre premier long métrage ni première comédie, pourquoi avoir accepté de jouer dans Girls Trip ?
J’ai tout de suite pensé qu’il y avait un réel potentiel dans le scénario et j’étais vraiment impressionnée par l’idée du film : quatre femmes qui réaniment cette amitié passée en faisant de nombreux efforts. En fait, ça va bien plus loin. C’est une histoire d’amour entre elles et j’ai trouvé juste génial qu’elles se retrouvent.
L’une est une business woman à la tête d’un empire, l’autre travaille dans l’entertainment et les médias. Une autre occupe un poste au sein d’une entreprise et enfin on retrouve une mère infirmière, Lisa, votre personnage…
Je pense qu’une maman ne devrait pas se sentir coupable de laisser ces enfants une journée pour retrouver ces amies. Si elle ne s’accorde rien, elle ne pourra rien donner aux autres alors elle doit s’accorder du temps, se donner du temps.
J’aime le personnage de Lisa parce que je comprends parfaitement l’idée d’avoir des enfants et d’accepter, d’assumer totalement son rôle de mère et de perdre, d’une certaine manière, son charisme et son sex appeal… et le retrouver après ! Je sais exactement ce que ça fait. C’est un grand plaisir de montrer ça à l’écran.
Quel message voulez-vous adresser aux femmes noires à travers ce film ?
Je veux qu’elles sachent que c’est possible et que nos voix, nos messages, nos expériences valent autant que celles des autres. Le succès de ce film montre que même si ce sont des femmes noires qui ont les premiers rôles, l’histoire est universelle. Elle est racontée par des femmes noires mais les femmes d’autres communautés peuvent aussi s’y retrouver.
Pour une fois, notre expérience est connectée à celles des autres femmes telle une expérience universelle et non simplement celle de la communauté noire. Nous sommes toutes des femmes, nous nous réjouissons et souffrons de quasiment les mêmes choses donc c’était vraiment génial d’avoir cette reconnaissance.
Les femmes noires et notre blackness ont longtemps été associées à la laideur. Et continuent parfois à l’être. On nous dit tous les jours combien on ne devrait pas être si noire et j’espère que ce film prouvera qu’être noire et une femme est une chose merveilleuse.
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus – Culture
- Émigration clandestine : « Partir, c’est aussi un moyen de dire à sa famille qu’on...
- Francophonie : où parle-t-on le plus français en Afrique ?
- RDC : Fally Ipupa ou Ferre Gola, qui est le vrai roi de la rumba ?
- Les « maris de nuit », entre sorcellerie et capitalisme
- À Vertières, les esclaves d’Haïti font capituler les troupes de Napoléon