Triple victoire

Publié le 28 octobre 2003 Lecture : 2 minutes.

Quoi qu’il advienne, la date du 30 octobre 1963 restera pour nous, Africains, celle d’une grande victoire sur nous-mêmes et sur l’idée que l’on se fait de nous. Ce qui s’est passé à Bamako le 30 octobre 1963 confirme avec bonheur ce qui a été signé à Addis-Abeba le 25 mai 1963 : l’Afrique, entité rigoureusement solidaire avec elle-même, vit et se développe.
À Bamako est morte la distinction traditionnelle entre l’Afrique noire et l’Afrique blanche : pour la première fois dans l’Histoire, un « conflit entre Arabes » [Algérie-Maroc] a trouvé son règlement dans un cadre strictement africain, en plein cur de l’Afrique noire, sous l’égide de deux leaders africains.
À Bamako, l’Afrique a prévenu de justesse l’internationalisation de sa plus grave querelle. Elle a résolu ses problèmes, seule et en quelques heures. Les grandes puissances qui se gaussaient ou s’inquiétaient, qui se préparaient en tout cas à intervenir pour mettre de l’ordre chez nous, se ressaisissent et, aujourd’hui, se disent : ces Africains, il ne faut pas les juger trop vite…
À Bamako, la charte de l’Unité africaine a été mise à l’épreuve et a tenu le coup. Étaient là, il est vrai, doux et obstinés, donc irrésistibles, les deux grands artisans de la charte, ceux qui y croyaient le plus : Haïlé Sélassié et Modibo Keïta.
À cela nous pouvons ajouter aujourd’hui ceci : nous demandons que l’Organisation de l’unité africaine crée un Prix de l’Afrique pour la paix et que ce prix soit donné, la première fois, à Modibo Keïta, aussi bien pour son action militante en faveur de l’unité, de la paix et la coexistence africaines que pour son uvre à l’intérieur du Mali. Prenant en charge un pays pauvre, sans infrastructures ni débouché sur la mer, Modibo Keïta et ses camarades se sont mis au travail en silence. Depuis trois ans, ils donnent à tous les Africains un exemple d’austérité, vraie parce que générale, de discipline acceptée à
l’échelle de la nation, de socialisme adapté, authentique. Modibo Keïa et le Mali sont modestes. En politique et en Afrique c’est méritoire. Cela devrait être reconnu.

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