Surveillance numérique

Des systèmes permettent désormais aux parents de localiser leurs enfants. Et aux chefs d’entreprise de veiller sur leurs entrepôts.

Publié le 27 octobre 2003 Lecture : 4 minutes.

Plusieurs pays européens, dont la Suisse, la Suède, les Pays-Bas et le Royaume-Uni, ont déjà mis en place une surveillance électronique de délinquants en liberté conditionnelle. Un bracelet attaché à leur cheville reste en communication radio permanente avec un relais local. Toute interruption du signal alerte les forces de police. Des expérimentations ont été faites avec des bracelets plus sophistiqués intégrant des modules GPS de localisation géographique. En Floride, près de neuf cents délinquants sexuels sont ainsi suivis en permanence par la police. En Angleterre, une nouvelle expérience a été lancée cette année, observée de près par les autres pays européens. Il s’agit de suivre les pédophiles à la trace. Le récidiviste potentiel porte un module GPS attaché à la cheville, ainsi qu’un téléphone cellulaire qui transmet sa position au centre de traitement. Associé à une carte de la ville, l’ordinateur pourra alerter automatiquement les services sociaux si le pédophile se rapproche à moins de 200 mètres d’une école.
L’usage d’un téléphone portable standard permet une géolocalisation moins coûteuse que le GPS. En effet, tout téléphone mobile allumé est automatiquement détecté par le relais le plus proche. La précision de cette technique varie de plusieurs centaines de mètres en ville à plusieurs kilomètres à la campagne. Elle est donc moins fiable que celle du GPS, mais est très peu coûteuse à mettre en place. Couplée à des modes d’affichage multimédias comme le Wap, elle permet, par exemple, à ses utilisateurs de connaître instantanément l’état du trafic dans la zone où ils se trouvent sans avoir à indiquer leur position. Le même système permet aussi de suivre des enfants ou des personnes âgées. Au Japon, l’opérateur NTT DoCoMo propose aux parents inquiets de recevoir instantanément sur leur mobile ou leur ordinateur la position de leur progéniture. Les commerçants commencent aussi à percevoir l’intérêt de faire du marketing ciblé. Grâce au Wap, des rubriques proposent des restaurants, des stations-service, ou des idées de sortie en fonction de l’endroit où se trouve l’usager du téléphone.
De son côté, le gouvernement des États-Unis a exigé des opérateurs de réseaux cellulaires américains que soit fournie la position de toute personne qui composera le 911, le numéro des services d’urgence, à partir de son téléphone cellulaire. Cette localisation permanente par le téléphone mobile a déjà aidé la police américaine à procéder récemment à l’arrestation de délinquants. Et le numéro trois d’el-Qaïda, Khalid Cheikh Mohamed, aurait été pisté pendant plusieurs mois et repéré par les dix téléphones mobiles qu’il utilisait. Le réseau mondial de surveillance Echelon, mis en place par les États-Unis, relie en effet les numéros de téléphone à des voix. La localisation des téléphones est réalisée grâce aux réseaux de téléphonie mobile et aux satellites, et l’analyse des voix permet l’identification automatique de l’auteur d’un appel.
La surveillance à distance a aussi bénéficié de la miniaturisation des caméras vidéo ainsi que de la transmission sans fil. Simple et peu onéreuse, une caméra vidéo sans fil, même de type Webcam, suffit. Les images prises par la vidéo peuvent être visionnées en direct depuis son lieu de travail ou son domicile directement sur Internet. Au Japon, l’entreprise de travaux publics Takenaka a développé plusieurs services de ce type, dont la télésurveillance. Les clients et le personnel peuvent suivre en continu les avancées d’un chantier sur leur téléphone portable. Mais attention au matériel bon marché qui protège mal les données transmises. Le signal vidéo peut être piraté sur plusieurs centaines de mètres aux alentours. Un voleur peut ainsi vérifier, avant de s’y introduire, si la maison ou l’entreprise qu’il veut cambrioler est déserte.
Les pastilles intelligentes, ou radio tags, préparent aussi une petite révolution. Ces petites balises RFID (Radio Frequency Identification Tags) n’émettent pas d’ondes. Mais, lorsqu’elles sont placées dans le champ d’une onde radio, elles savent la renvoyer en y incluant un numéro d’identification. Un émetteur-récepteur peut donc détecter et identifier toutes les radio tags situées dans son voisinage. Des capteurs actifs, élaborés selon ce principe, existent déjà. Ils sont utilisés pour suivre du bétail ou du matériel militaire. La dernière génération de radio tags est passive et pratiquement invisible. D’un coût de 20 à 30 cents, ces minuscules capteurs pourront être inclus dans tous les objets de la vie quotidienne. Une étude de la Banque européenne est en cours pour en munir les billets de banque d’ici à 2008 et éviter ainsi la contrefaçon. Leur portée étant limitée à quelques mètres, ils conviennent pour la localisation des marchandises dans les entrepôts, magasins ou usines. Ils peuvent aussi aider à des visites guidées dans les musées, ou à s’orienter dans des bâtiments complexes comme un ensemble hospitalier. D’après le cabinet Venture Development Corporation, le marché des radio tags dépasserait 1 milliard de dollars cette année. L’idée étant de pouvoir savoir à tout moment où tout se trouve, la société américaine Global Technology Resources travaille sur des radio tags incluant des capteurs biologiques, qui seraient placés sur les produits alimentaires. Des empoisonnements du type anthrax pourraient ainsi être détectés. Avec l’angoisse qui persiste aux États-Unis, de telles technologies ont un avenir. À quand les aliments certifiés « antibioterrorisme » ?

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