Solidarité contre la pauvreté

Publié le 27 octobre 2003 Lecture : 3 minutes.

Se fondant sur le succès du Fonds de solidarité nationale en faveur des pauvres en Tunisie, le président Zine el-Abidine Ben Ali a initié la création d’un Fonds mondial de solidarité (FMS), projet qui a été adopté en décembre 2002 par l’Assemblée générale des Nations unies. Toutes les chancelleries tunisiennes sont instruites d’accompagner le lancement du FMS dans les meilleurs délais.
L’enjeu est en effet grave quand on sait que quatre milliards de personnes sur notre planète vivent avec moins de 2 dollars par jour. L’Afrique subsaharienne est l’une des régions les plus concernées, puisque le taux de pauvreté y est de 48,1 %. La communauté internationale avait pourtant pris l’engagement, lors des réunions du Millénaire, de réduire de moitié, avant 2015, la proportion des populations dans le dénuement total, mais il ne semble pas, actuellement, que l’on en prenne le chemin.

Le FMS que propose Ben Ali offre à la communauté internationale de préparer les plus démunis à entrer, ne serait-ce que modestement d’abord, dans le secteur économique libéral. La vision du FMS est que l’éradication de la pauvreté – source de frustration et de marginalisation – est un facteur essentiel de stabilité et de développement et un facteur vital de paix dans le monde. Son credo est que cette oeuvre est celle de tous les peuples, car la globalisation nous rend interdépendants. La voie du FMS est l’économie solidaire, qui n’est pas ennemie de l’économie de marché, mais en l’occurrence sa condition première. Ainsi, le FMS se présente-t-il comme un outil fantastique pour préparer les zones pauvres à se doter d’infrastructures : routes, électricité, eau potable, santé publique, logement, promotion de la femme dans la vie active. Un développement du secteur libéral pourra alors prendre place en associant la base de la pyramide mondiale à une pratique de microcrédits.
Pour l’heure, la mission première du FMS est de drainer les contributions volontaires des particuliers, des fondations et institutions, du secteur privé et, pourquoi pas, des États pour lutter contre l’exclusion et le désespoir, générateurs de haine et d’extrémisme. Les pays pauvres, eux-mêmes, devront apporter leur contribution, car c’est une culture de la participation qu’il faut insuffler à tous.
On peut imaginer que le choix des zones d’ombre dans le monde, appelées à bénéficier des bienfaits du FMS, sera un mixage de régions à critères de revenu par habitant très bas et d’indice de développement humain insuffisant. Toutefois, le rôle premier de concepteur et d’initiateur des projets appartiendra aux autorités des pays bénéficiaires, auxquels s’associeront des experts, des économistes, des urbanistes, des représentants de la société civile. Ce sont les États, avec leurs cadres, qui devront, dans une gouvernance renforcée, assurer le suivi et le contrôle continu.

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Le FMS n’aura pas de structure lourde ou onéreuse. La commission de haut niveau qui établira sa stratégie et veillera à l’exécution des projets aura un statut non lucratif. Le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) aura sa structure et son savoir-faire pour gérer le Fonds, avec la coopération, s’il le souhaite, des agences d’aide bilatérale et des Nations unies. Le secrétariat du Fonds ne devra pas coûter plus de 5 % des ressources du FMS.
Dès qu’elle aura été officiellement installée par le secrétaire général des Nations unies, la commission imaginera la manière de créer des réseaux pour lever l’argent principalement, mais non exclusivement, dans les espaces de prospérité. L’Union européenne, l’Amérique, le Japon, les pays pétroliers seraient des terrains favorables à ce qu’on appelle le fund-raising. Il serait judicieux que la commission, puis l’Assemblée générale de l’ONU, déclarent à cet effet – ainsi que l’a suggéré le président Ben Ali – une journée mondiale de solidarité.
Cette initiative tunisienne se situe dans la tradition des relations internationales. On se souvient que, dès la création de l’ONU, la Suède avait fait de la question du désarmement l’une de ses plus grandes préoccupations diplomatiques. Malte avait initié le droit de la mer… Aujourd’hui, la Tunisie fait du combat contre la pauvreté dans le monde une affaire primordiale, tant il est vrai que la carte de la guerre et de l’instabilité se confond avec la carte de la pauvreté. La communauté internationale a très largement les moyens de changer radicalement cette situation.

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