Enquêtes à Libreville

Mise en scène guinéenne, production gabonaise et acteurs noirs pour « Inspecteur Sori », première série policière 100 % africaine.

Publié le 27 octobre 2003 Lecture : 2 minutes.

Actuellement en tournage, le pilote de la série Inspecteur Sori, qui doit compter douze épisodes de 52 minutes, est une entreprise novatrice : c’est le premier thriller francophone dans lequel tous les personnages récurrents sont noirs. Africains, Antillais, Afro-Américains et Mélanésiens s’y partagent les – beaux – rôles. Afin de ne vexer personne, les acteurs blancs n’ont pas été tout à fait oubliés et apparaîtront régulièrement en guest-stars. Si les décors intérieurs ont été recréés en studio, en France, toute l’action se déroule à Libreville (Gabon), où l’équipe se rendra en 2004 pour finaliser les scènes extérieures. Mamady Sidibé, le réalisateur guinéen, fort d’une « frustration longuement accumulée face à l’absence de vrais personnages noirs dans le paysage audiovisuel occidental », a écrit son projet en collaboration avec Thomas Luntz et offert le rôle principal à Eriq Ebouaney (remarqué dans son interprétation de Lumumba dans le long-métrage éponyme). Maka Kotto, venu spécialement du Canada, y fait également une apparition amicale. En ayant pour ambition de proposer une « image inédite des minorités visibles », cette série policière espère faciliter le rapprochement des cultures et offre un nouveau regard sur le monde noir urbain contemporain. Partenaires institutionnels de choix, l’Agence intergouvernementale de la Francophonie (AIF), le Centre national du cinéma du Gabon (Cenaci) et le ministère français des Affaires étrangères ont à ce titre apporté leur soutien financier au projet. En offrant l’opportunité à des comédiens et à des techniciens africains de révéler leurs talents trop souvent dévalués, cette production relèvera peut-être un difficile pari : celui de prouver que le professionnalisme audiovisuel n’est pas absent d’Afrique.
Le premier épisode met en scène l’inspecteur Sori et son lieutenant féminin Sali (Nadège Beausson-Diagne) aux prises avec un serial-killer (interprété par le rappeur Passi, qui fait ici ses premiers pas d’acteur) adepte du venin de mamba… L’homme-serpent terrorise la capitale en assassinant de jeunes et jolies jeunes filles. Ses meurtres seront élucidés grâce à l’aide du profiler envoyé par la France (Stéphane Boucher), malmené par ses pairs noirs, mais consentant à vivre « l’aventure africaine » dont il a toujours rêvé. Ridicule comme seuls savent l’être les Blancs parachutés sur le continent, le personnage n’en est pas moins un allié sympathique à l’expérience finalement bienvenue. Les scénaristes d’Inspecteur Sori entendent en effet conjuguer problèmes de société et réflexions d’actualité, traités sur un mode riche en humour (noir), sans pour autant tomber dans la caricature ou le manichéisme habituel opposant gentils héros et méchants criminels. Sur ce point déjà, le scénario pilote est prometteur : les dialogues sont ciselés et les personnages affichent clairement leurs faiblesses et leurs contradictions. Reste désormais à attendre la suite de cette série noire pour pimenter nos nuits blanches.

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