De si belles coiffures

Le musée Dapper, à Paris, consacre une rétrospective aux parures de tête. Un voyage ébouriffant à travers l’Afrique.

Publié le 27 octobre 2003 Lecture : 3 minutes.

Critère de beauté remarquable entre tous, la coiffure des Africains, hommes et femmes, séduit depuis des siècles. S’il était besoin de s’en convaincre, il suffit d’aller voir l’exposition organisée par le musée Dapper, à Paris. Parures de tête offre une rétrospective raisonnée de cet art populaire, à la fois traditionnel et contemporain, selon un voyage chronologique. Les statuettes et les masques présentés mettent l’accent autant sur le prestige que sur la dimension sacrée de la coiffure. La tête se doit d’être parée, soit par un arrangement subtil et sophistiqué de la chevelure, soit par un couvre-chef symbolisant la puissance et le rang de son propriétaire.
Ainsi en est-il, au début du parcours, de la double tiare du pharaon égyptien, représentant son autorité sur une Haute- et une Basse-Égypte réunifiées à force de guerres. Bien différente est la couronne conique de l’oba, lui aussi chef spirituel et temporel, mais chez les Yoroubas du Nigeria. Cette dernière est entièrement recouverte de minuscules perles de verre qui représentent les pouvoirs exceptionnels dont il dispose et dessinent des figures humaines et des motifs géométriques. De longues enfilades de perles achèvent de dissimuler le visage du roi aux yeux de ses sujets. Une particularité qui n’est pas exceptionnelle. Depuis la plus haute antiquité jusqu’à nos jours, le visage – et la tête dans son ensemble – a revêtu un caractère tellement sacré qu’il fallait souvent le dissimuler aux yeux des non-initiés. De nombreuses sociétés ont eu recours aux masques. Les sculpteurs se sont alors attachés à représenter les visages, beaux ou effrayants, mais aussi la complexité des coiffures. Sur les masques punus du Gabon, on retrouve les moindres détails des hauts chignons dont se coiffaient les femmes, avec les masses de cheveux bien séparées et les tresses latérales qui descendent jusqu’à la base du cou. D’ailleurs, tous les masques provenant du bassin de l’Ogooué témoignent de l’engouement des élégantes de cette région pour les coiffures à coques, dont certaines défient les lois de la pesanteur.
Parfaitement mises en valeur, les statuettes présentées par le musée Dapper montrent tour à tour de spectaculaires assemblages de cheveux, chignons à paniers ou en cascade, rasages géométriques, boules, crêtes naturelles ou rehaussées de fibres, de plumes ou de peaux.
Comment tiennent ces édifices ? Par un jeu subtil de tresses, parfois accompagné d’un enduit à base de fines particules de terre. Les épingles en os ou en ivoire, les peignes de bois ou recouverts de feuilles d’or, les cauris ou les lacets de cuir ne sont là que pour l’ornement. Ils restent indispensables, cependant, pour signifier la qualité ou la richesse de leur propriétaire.
Il reste un point, qui pourrait être de détail, mais sans lequel l’édifice – et l’exposition – serait incomplète : comment faire pour que les mouvements incontrôlés du sommeil ne viennent mettre à mal un chignon savamment agencé, parfois pendant plusieurs heures par deux ou trois personnes ? Très simplement au moyen d’un appuie-tête. Souvent sculpté dans un bois léger, à peine renforcé, parfois, d’inserts en métal, il est simple ou très orné, comme chez les Shonas du Zimbabwe. La magie n’est pas loin. Dans certaines sociétés initiatiques de République démocratique du Congo, les appuie-tête anciens ont aussi une fonction divinatoire, car l’objet qui a accompagné quotidiennement un ancêtre pendant toute sa vie, et surtout toutes ses nuits, moments propices aux songes, reste empreint de sa sagesse et de ses visions.

Parures de tête, jusqu’au 11 juillet 2004, musée Dapper, 35, rue Paul-Valéry, 75116 Paris. Renseignements : (+ 33) 1 45 00 01 50 ou www.dapper.com.fr

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