Changer de l’intérieur

Selon les Nations unies, le manque de savoir serait un obstacle majeur au développement.

Publié le 27 octobre 2003 Lecture : 2 minutes.

La censure demeure un obstacle majeur au développement des pays arabes, indique le nouveau rapport sur le développement humain dans le monde arabe, présenté le 20 octobre à Amman, en Jordanie, par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). Alors que le précédent rapport avait abordé le sujet de manière globale, celui de 2003 met l’accent sur le déficit du savoir et sur la nécessité pour les 284 millions d’habitants des pays arabes de se réapproprier leur culture.
Les auteurs estiment que, pour créer une véritable société arabe du savoir, il faudrait avant tout remédier à certaines défaillances, comme celles affectant l’éducation, où seulement 1 étudiant sur 20 choisit de poursuivre des études scientifiques, contre 1 sur 5 en République de Corée par exemple. Le rapport déplore aussi que les pays étudiés ne consacrent que 0,2 % de leur Produit national brut à la recherche et au développement. Se pose, par ailleurs, le problème de la diversité culturelle : seulement 1 % des livres sont produits dans le monde arabe pour 5 % de la population mondiale. Surtout, les libertés d’opinion, d’expression et d’association ne sont pas garanties, il est fréquent de voir les journaux de ces pays fermés, saisis ou suspendus.
Le rapport 2003, comme le précédent, se garde de pointer du doigt les pays individuellement. Il se contente de généralités afin d’atteindre son objectif : être diffusé dans le monde arabe. C’est la raison pour laquelle le PNUD a choisi de présenter ces deux rapports dans des capitales arabes – Creating Opportunities for Future Generations au Caire, et Building a Knowledge Society à Amman. N’est-ce pas là un premier pas vers la diffusion du savoir et des idées au sein même du monde arabe ?
Il n’en reste pas moins que le fait de mettre les vingt-deux pays de la zone dans le même panier peut sembler contestable. Qu’est-ce que l’Irak, occupé par les Américains, a à voir avec la Tunisie ? Comment comparer le Soudan, où le revenu par habitant s’élève à 380 dollars par an (322 euros), au Bahreïn, où il culmine à 12 012 dollars par an ?
Pour ne pas être taxé de partialité, le PNUD a confié le rapport à des chercheurs et universitaires arabes. Or, sur les vingt-quatre auteurs du compte rendu 2003, près de la moitié vivent en dehors des frontières de la zone arabe. Leur analyse est-elle de ce fait biaisée ou plus objective ? Cela ne change toutefois rien aux conclusions, légitimes, du rapport, selon lesquelles les réformes de la région doivent se faire de l’intérieur.
Il aura tout de même fallu attendre les attentats du 11 septembre 2001 pour qu’une organisation internationale vieille de plus d’un demi-siècle décide de s’intéresser au développement humain dans le monde arabe. Ces événements tragiques ont à la fois accentué la tension entre mondes arabe et occidental, et en même temps fait prendre conscience à l’Occident qu’il connaissait mal les réalités de cette région. En définitive, le nouveau rapport du PNUD devrait contribuer à ce que ces deux zones s’ouvrent davantage l’une à l’autre. À suivre.

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