Bienvenue dans l’ère nomade !
Après la miniaturisation des composants, les technologies de l’information entrent dans une nouvelle phase : celle du sans-fil. Cette évolution passe notamment par l’apparition d’appareils multifonctions.
Publié le 27 octobre 2003 Lecture : 5 minutes.
« La première révolution industrielle a apporté les moteurs et l’électricité, et on les a intégrés dans notre vie : on a fabriqué des réfrigérateurs, des automobiles et des jouets, rappelle Michael Dertouzos, directeur du laboratoire des sciences de l’ordinateur au Massachussetts Institute of Technology (États-Unis). On ne parle plus des moteurs. Ils sont partout et nulle part, dans tous nos objets de la vie quotidienne. Il va se passer exactement la même chose avec les ordinateurs dans vingt ans, ils seront eux aussi partout et nulle part, omniprésents et invisibles. » Cette banalisation de l’informatique va faciliter la communication et, de façon plus générale, les échanges de données. Ce développement va être simplifié par la généralisation des communications sans fil. Élément clé de cette révolution : la téléphonie mobile. Moins restrictif que celui de « téléphone portable », ce terme implique l’ensemble des communications qui passeront par les réseaux.
Le téléphone portable va néanmoins devenir incontournable. Il va faire partie intégrante de la panoplie du nomade du XXIe siècle. Aujourd’hui, on se contente de l’utiliser pour téléphoner et envoyer des petits messages, les fameux SMS. Mais cet appareil entre dorénavant dans une nouvelle ère : celle du « multifonction ».
Votre portable va vous rendre des services pratiques, personnalisés et localisés. C’est le concept de la « géo-localisation ». Le principe est simple : après avoir autorisé votre opérateur à tenir compte de votre situation géographique (grâce au réseau cellulaire, on peut en effet être repéré à quelques centaines de mètres près !), ce dernier vous transmet les informations que vous recherchez à un moment et en un lieu précis : la localisation d’un distributeur de billets de banque ou d’une pharmacie, ou encore le choix du meilleur itinéraire pour rejoindre votre hôtel. Il est également possible d’être guidé en temps réel pour éviter les embouteillages. Votre opérateur pourra par exemple vous envoyer des petits messages annonçant que, dans la rue où vous vous situez, un magasin de hi-fi lance une promotion durant une heure sur les lecteurs DVD.
Dans le monde du travail, la géolocalisation va permettre aux chefs d’entreprise de mesurer plus efficacement la productivité de leurs salariés… Ainsi, l’employeur pourra vérifier instantanément si le coursier que vous attendez ne traîne pas en route ! Le téléphone mobile va aussi encourager le développement de la messagerie mobile. Les cadres peuvent déjà s’en servir pour recevoir leurs mails et des messages multimédias. Demain, leur téléphone pourra aussi être utilisé comme un talkie-walkie. C’est l’objectif d’un nouveau service appelé Push-to-Talk. Ce système repose sur le même principe que la messagerie instantanée écrite. Pour entrer en communication avec un correspondant, il suffit de placer le curseur visuel sur son nom, d’appuyer sur une touche de fonction définie, puis de prononcer son message et de relâcher ledit bouton. Le message est ensuite acheminé via un serveur central. Si le correspondant n’est pas connecté, il le recevra lorsqu’il se branchera.
Le grand public va aussi profiter de nouveaux services. Dans quelques années, on pourra regarder ses émissions télévisées préférées sur l’écran de son téléphone. Des tests ont été réalisés au Japon à la fin de 2002. Des essais de publicité ciblée selon le profil des téléspectateurs ont également été effectués. Le dernier test consistait en une démonstration d’émission interactive sur un terminal mobile : une course de bateaux à moteur, retransmise par satellite, a été présentée pour démontrer la qualité d’image sur une séquence rapide et la possibilité de participer aux paris sur la course (à travers le réseau du téléphone portable). Cet appareil pourra aussi servir de porte-monnaie électronique. Annoncée depuis quelques années déjà, cette fonction a été testée avec succès au Japon par Visa. Pour réaliser un achat, il suffit de pointer son téléphone (bénéficiant d’une liaison infrarouge) vers un terminal spécifique. L’Internet mobile ne se limitera pas au seul téléphone. Les assistants numériques, appelés aussi PDA, se présentent comme de sérieux concurrents, d’autant qu’ils devraient, à terme, tous être équipés d’un module de téléphonie mobile. C’est déjà le cas des deux derniers modèles présentés récemment par la société chinoise E-Ten. Le P300 (équipé d’un processeur à 200 Mhz) et le P700 (processeur à 400 Mhz) bénéficient de la dernière version du système d’exploitation Microsoft Windows Mobile et de Pocket PC Phone. Ces deux appareils peuvent être connectés aux réseaux mobiles GSM. Ils permettent aussi d’accéder à l’Internet via une antenne Wi-Fi (voir page 54). Évidemment, ces PDA sont encore chers : 500 euros environ pour le P300 et 650 euros pour le P700.
La généralisation des connexions sans fil (du type Wi-Fi) va entraîner l’apparition d’appareils mieux adaptés à certaines professions. L’un des appareils les plus en vue s’appelle le Tablet PC. Symbole de ce qui pourrait être l’informatique de demain, il ressemble un peu à l’ardoise magique des enfants. Mais en plus sophistiqué, puisque cet écran plat est tactile et qu’il cache un ordinateur. Les premiers modèles sont déjà commercialisés. C’est notamment le cas du Compaq TC 1000. Pesant moins de 1,5 kg, il revendique une autonomie de cinq heures. Un stylet électromagnétique remplace le clavier pour toutes les manipulations (création d’un dossier, déplacement d’objets, ouverture de programmes…). Malgré ces arguments, le Tablet PC ne parvient pas encore à convaincre les utilisateurs. Le marché est même en chute libre, accusant une baisse de plus de 30 % outre-Atlantique. Principales raisons : des applications assez limitées et, surtout, des prix encore élevés. Résultat, Hewlett Packard a décidé fin septembre de réduire le prix du Compaq TC1000, le passant de 2 400 à 1 500 euros !
Une autre solution pourrait remporter l’adhésion du public, les écrans plats Smart Display. À la différence des moniteurs classiques, ceux-ci peuvent se détacher de leur socle et échanger des informations avec un PC grâce à une connexion sans fil du type Wi-Fi. Installé tranquillement dans un canapé, vous pouvez accéder à votre ordinateur placé dans une autre pièce ou à quelques dizaines de mètres. Sans vous déplacer.
Il est encore trop tôt pour savoir lesquelles de ces nouvelles technologies s’imposeront dans notre quotidien au cours des dix prochaines années. Une chose est sûre : celles qui auront été retenues s’intégreront dans notre vie sans que nous nous en apercevions. La majorité des appareils électroniques du futur communiqueront entre eux. Ils s’échangeront des informations et pourront se localiser géographiquement par rapport à d’autres appareils. Ainsi, le stylo numérique saura s’il se trouve assez proche du PC de bureau pour lui transmettre des données via une liaison infrarouge. Si ce n’est pas le cas, il les enverra via le téléphone mobile ou un PDA. L’homme pourra alors se concentrer sur l’essentiel : l’imagination.
