Centrafrique : le député et ex-chef rebelle « Rambo » a été extradé vers la CPI
L’ancien leader anti-balaka Alfred Yekatom, dit « Rambo », a décollé samedi 17 novembre de Bangui, dans un avion affrété par la Cour pénale internationale, à destination de La Haye. Ce député, ex-chef de guerre visé par des sanctions de l’ONU, avait été arrêté le 29 octobre après avoir tiré deux coups de feu en pleine Assemblée nationale.
Selon les informations de Jeune Afrique, le député Alfred Yekatom Rombhot, alias « Rambo », ex-chef rebelle anti-balaka, a été embarqué le 17 novembre en début d’après-midi, à l’aéroport international de Bangui, dans un avion en partance pour La Haye (Pays-Bas). L’appareil a été affrété par la Cour pénale internationale (CPI).
Le parlementaire avait été arrêté le 29 octobre, après avoir sorti un pistolet dans l’hémicycle, menacé un autre député, puis tiré deux fois en l’air. Il aurait voulu manifester ainsi son mécontentement après l’élection du nouveau président de l’Assemblée nationale, Laurent Ngon-Baba, en remplacement de Karim Meckassoua, destitué. Proche de ce dernier, Yekatom avait voté pour son maintien.
Assassinats, viols et racket
« Rambo », élu lors des législatives de février 2016, est surtout accusé d’être responsable, directement ou indirectement, de nombreux assassinats de civils, de viols et de racket, avec la faction qu’il dirigeait, les « anti-balaka du sud ».
Soumis à des sanctions de l’ONU depuis 2015 (gel des avoirs, interdiction de voyager), l’ancien chef de guerre, âgé de 42 ans, se voit reprocher de s’être livré « à des actes qui portent atteinte à la paix, à la stabilité ou à la sécurité de la RCA, y compris des actes qui menacent ou violent les accords transitoires, ou qui menacent ou entravent le processus de transition politique, y compris une transition vers des élections démocratiques libres et équitables, ou qui alimentent la violence », selon la notice Interpol émise contre lui en 2015.
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Ancien caporal en chef au sein de l’armée centrafricaine (Faca), Alfred Yekatom a contrôlé des miliciens présents dans le quartier du PK9, à Bangui, et dans les villes de Bimbo (province d’Ombella-M’Poko), de Cekia, de Pissa et de Mbaïki (capitale de la province de Lobaye). Il avait établi son quartier général dans une concession forestière à Batalimo, près de la frontière avec le Congo.
Interpol précise que « Yekatom contrôlait directement une douzaine de postes de contrôle tenus en moyenne par dix miliciens armés portant des uniformes de l’armée et des armes, notamment des fusils d’assaut, […] percevant des taxes non autorisées sur des véhicules privés, des motos, des fourgonnettes et des camions exportant des ressources forestières au Cameroun et au Tchad, mais également sur des bateaux naviguant sur le fleuve Oubangui. [Il percevait] personnellement une partie de ces taxes non autorisées. Yekatom et sa milice auraient également tué des civils. »
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Une extradition complexe
Cette extradition n’a pas été simple. En vertu du « délit de flagrance », qui supprime automatiquement l’immunité pour les parlementaires, la CPI, qui avait ouvert une enquête en septembre 2014 sur les exactions commises en Centrafrique à cette période, a pu s’autosaisir dès l’arrestation du député, le 29 octobre – après avoir sollicité la coopération du gouvernement. La procureure de la Cour pénale internationale, la Gambienne Fatou Bensouda, s’est entretenue mercredi 14 novembre avec Faustin-Archange Touadéra, le président centrafricain, afin de régler les derniers détails.
Jusqu’au dernier moment, les autorités sont restées discrètes sur cette opération, craignant que des émeutes surviennent à Bangui à l’initiative des membres de l’ex-rébellion anti-balaka.
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