Réservoir identifié

Publié le 27 août 2007 Lecture : 2 minutes.

Des scientifiques de l’Institut de recherche pour le développement (IRD), en collaboration avec le Centre international de recherches médicales de Franceville (CIRMF) du Gabon et le Centre pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) basé à Atlanta, aux États-Unis, ont identifié une espèce de chauve-souris frugivore comme réservoir du virus de Marburg.
Cet agent infectieux de la même famille que le redoutable virus Ebola a été découvert à la fin des années 1960. Il déclenche lui aussi chez les personnes infectées une fièvre hémorragique foudroyante. Il porte le nom de la ville allemande où il a été détecté pour la première fois en 1967. Des employés du laboratoire de Behring avaient été contaminés en prélevant des organes sur des singes verts importés d’Ouganda. Jusqu’à la fin du XXe siècle, les rares cas ont été répertoriés en Afrique orientale. Mais en 1998, une épidémie de plus grande ampleur affecte 149 personnes près de Durba, en RD Congo. Plus de 80 % d’entre elles succomberont. Il y a deux ans, une autre épidémie survenue dans le nord de l’Angola contamine 252 personnes, dont 227 décéderont, soit un taux de mortalité de près de 90 %. C’est la plus importante épidémie de fièvre de Marburg connue à ce jour.
Entre 2005 et 2006, des chercheurs de l’IRD, du CIRMF et du CDC mènent une campagne visant à détecter le virus Ebola parmi les espèces de chauves-souris frugivores. Ils installent cinq sites de piégeage dans la forêt tropicale humide du Gabon et du nord-ouest de la RD Congo. Ils prélèvent 1 138 spécimens appartenant à dix espèces différentes. Une flambée épidémique de fièvre de Marburg survenue à la même époque en Angola les incite à rechercher la présence de ce virus cousin dans les tissus. Ils trouvent des anticorps dirigés contre le virus de Marburg dans le sérum d’une seule des dix espèces capturées : 29 individus sur 242 testés pour cette espèce. Il s’agit de la roussette d’Égypte (Roussettus aegyptiacus), une chauve-souris frugivore migratrice dans toute la partie du continent africain située au sud du tropique du Cancer. Ils trouvent également dans le foie et la rate de 4 spécimens de la roussette d’Égypte sur 283 examinés des séquences d’ARN appartenant à trois gènes différents du virus de Marburg. Anticorps plus fragments d’ARN, le tout donne à penser que la chauve-souris, porteuse du virus de Marburg sans en développer les symptômes, est le réservoir naturel de ce virus.
Des recherches précédentes ont montré que la contamination humaine du virus Ebola s’effectue par l’intermédiaire des carcasses de grands singes infectés. Il semble en aller différemment avec le virus de Marburg. Ainsi, la plupart des personnes infectées en RD Congo lors de l’épidémie de 1998 travaillaient dans une mine d’or qui était aussi le refuge d’une importante colonie de roussettes d’Égypte. L’identification du réservoir naturel du virus de Marburg devrait permettre de mieux délimiter les zones géographiques concernées par sa présence, notamment en Afrique de l’Ouest, importante zone de migration de cette chauve-souris. Elle devrait également favoriser le développement de mesures sanitaires et de campagnes de prévention dans les zones concernées.

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