Pénurie à l’horizon 2012 ?

Malgré d’abondantes réserves prouvées, la production mondiale risque de ne plus suffire à satisfaire la demande d’ici à cinq ans.

Publié le 27 août 2007 Lecture : 2 minutes.

Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), la capacité de production non utilisée de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) devrait brutalement chuter à partir de 2010 et atteindre un niveau historiquement bas en 2012 : 1,6 million de barils par jour, contre 2,5 millions actuellement. La raison de ce recul est le retard pris par les investissements en amont (forages, construction de plates-formes). Car, dans l’absolu, les réserves de pétrole prouvées, estimées à 1 200 milliards de barils, n’ont jamais été aussi importantes.
Si la production mondiale se maintient au niveau actuel, il y en a encore pour quarante ans. Dans les années 1970, cette durée n’était que de trente ans. Selon la compagnie britannique BP, l’Arabie saoudite détient près du cinquième de ses réserves avec 264,3 milliards de barils. Viennent ensuite l’Iran, l’Irak, le Koweït, les Émirats arabes unis, le Venezuela et la Russie. À eux seuls, ces sept pays en tête de classement disposent des trois quarts du total.
Quant à l’Afrique, avec 9,7 % des réserves prouvées dans le monde, elle en abrite 2,3 fois moins que la seule Arabie saoudite. La Libye arrive en tête avec 39 milliards de barils, suivie du Nigeria avec 35,3 milliards. Ces deux pays accaparent 65 % des réserves africaines. L’Algérie (11,8 milliards), l’Angola (8,8 milliards) et le Soudan (6,3 milliards), légèrement en retrait, n’en demeurent pas moins des acteurs de premier plan si l’on en juge par l’engouement des majors pour ces nouveaux eldorados. Longtemps délaissé, le continent a retrouvé une position centrale à la faveur de la flambée des cours et de la boulimie énergétique des grandes puissances. De 15 % actuellement, la part de l’Afrique subsaharienne dans l’approvisionnement en hydrocarbures des États-Unis doit passer à 25 % à l’horizon 2015. Quant à la Chine, le brut africain représente déjà 30 % de ses importations en hydrocarbures.
La course aux permis d’exploration, déjà bien engagée, devrait, par ailleurs, s’accélérer. En 2003, on estimait à plus de 50 milliards de dollars le montant des investissements qui seraient effectués sur les champs pétrolifères africains avant la fin de la décennie. En 2006, les investissements directs étrangers (IDE) sur le continent, en progression de 26 %, se sont élevés à 38,8 milliards de dollars (en 2005, ils avaient déjà augmenté de 78 %), essentiellement destinés au secteur des matières premières. Parmi les principaux pays bénéficiaires, on retrouve le Nigeria et le Soudan. Les réserves prouvées, en Afrique, sont donc encore appelées à croître.
Il n’est cependant pas certain que cela suffise à satisfaire la demande énergétique mondiale, qui va croître de plus de 50 % d’ici à 2030, pour atteindre 16,3 milliards de tonnes équivalent pétrole (tep), selon l’AIE. « Les ressources énergétiques sont suffisantes [] puisqu’elles dépassent la production cumulée d’ici à 2030 », précise l’agence. Mais il y a une réserve de taille : 17 000 milliards de dollars d’investissements sont nécessaires pour assurer l’approvisionnement de la planète. Faute de quoi la pénurie et la flambée des cours sont un scénario envisageable.

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