Maroc : prison pour 16 personnes ayant manifesté dans l’ex-cité minière de Jerada
La justice marocaine a condamné 16 personnes à des peines allant de 2 mois à 5 ans de prison ferme, en lien avec le mouvement de protestation dans l’ancienne cité minière de Jerada (nord-est) en 2017-2018, a-t-on appris vendredi auprès de leur avocat.
Ces personnes ont été condamnées pour « destruction de biens publics, incitation à commettre des crimes et délits ou participation à une manifestation non autorisée », a dit à l’AFP Me Abdelhak Benkada.
Une autre personne a été condamnée à un mois de prison avec sursis pour « participation à une manifestation non autorisée », selon la même source. Ces peines ont été prononcées dans la nuit de jeudi à vendredi par la Chambre criminelle de la cour d’appel de Oujda (est).
La semaine dernière, neuf autres manifestants de Jerada ont été condamnés à des peines allant de 3 à 5 ans de prison ferme.
Tous étaient poursuivis depuis mi-mars, suite à des heurts lors d’une manifestation interdite ayant fait 312 blessés parmi les forces de l’ordre et 32 du côté des manifestants, selon un bilan officiel.
Un ancienne citée minière
La ville sinistrée de Jerada a été secouée par un mouvement de protestation après la mort de deux mineurs dans des puits abandonnés, fin décembre 2017, suivie de deux autres décès accidentels dans des conditions similaires.
Mardi encore, trois personnes sont mortes et trois autres ont été blessées dans l’effondrement d’un puits de zinc et de plomb près de Jerada. La semaine dernière, deux décès accidentels avaient déjà endeuillé cette ville.
Bastion de la lutte syndicale au Maroc, Jerada a été profondément affectée par la disparition de son activité principale à la fin des années 1990, avec la fermeture d’une importante mine de charbon, jugée non rentable et qui employait alors quelque 9.000 ouvriers.
Extraction artisanale du charbon
Depuis, des centaines d’hommes continuent de s’aventurer dans des puits désaffectés pour extraire du charbon de façon artisanale et le vendre à des négociants locaux, surnommés localement les « barons » et dotés de permis de commercialisation.
Les décès accidentels survenus fin 2017-début 2018 dans les puits de Jerada avaient entraîné de grandes manifestations, les habitants de cette ville classée parmi les plus pauvres du Maroc demandant une alternative aux mines.
Les autorités avaient annoncé une série de mesures pour relancer l’économie locale, promis de fermer les puits abandonnés, présenté un plan de reconversion pour créer des emplois et interdit toute « manifestation illégale ».
Des manifestations avaient cependant continué : 95 personnes avaient été arrêtées et 25 ont été jugées depuis, selon un avocat qui a défendu quelques-uns des prévenus.
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