La « sagesse » de la foule

En politique, les électeurs font-ils un choix rationnel ?

Publié le 27 août 2007 Lecture : 2 minutes.

A l’heure actuelle, l’expert qui a peut-être les meilleures références estime que c’est Hillary Rodham Clinton qui a les plus grandes chances d’être élue à la Maison Blanche, et Bill Richardson qui est le mieux placé pour être vice-président. Cet expert n’est pas un être humain, mais Intrade, le site Web de pronostics politiques (www.intrade.com), qui s’est régulièrement montré plus exact que les sondages et les politologues. Pour la dernière élection présidentielle, il a donné le vainqueur dans chacun des cinquante États.

C’est un hommage rendu à ce qu’on appelle « la sagesse de la foule », l’idée que le jugement collectif d’un grand nombre de gens est plus juste que celui d’un individu même très bien informé. Si on recueille une série d’estimations sur, disons, le poids d’un buf, la valeur moyenne sera incroyablement proche de la vérité.

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À ce tout premier stade, le pronostic d’Intrade donne à Hillary Clinton 27 % de chances d’être présidente. Elle est suivie par Barack Obama et Rudy Giuliani, chacun avec environ 20 %, Fred Thompson avec 15 % et Mitt Romney avec 8 %. Mais si le grand nombre d’opinions peut permettre de faire de bonnes prédictions, les gens qui donnent leur avis sont très souvent incapables de voir où est leur intérêt. Le problème est évoqué dans le meilleur livre politique de l’année : The Myth of the Rational Voter : ?Why Democracies Choose Bad ?Policies (« Le Mythe de l’électeur rationnel : pourquoi les démocraties font une mauvaise politique »).
Cet ouvrage, dont l’auteur est Bryan Caplan, un économiste de l’université George-Mason, fait un portrait au vitriol des électeurs américains. L’image de la couverture les présente comme un troupeau de moutons. « Les démocraties, écrit Caplan, mènent fréquemment une politique qui est mauvaise pour la plupart des gens. » Plusieurs explications sont possibles : la puissance des intérêts privés, le manque d’information, etc. Mais pour Caplan, l’essentiel n’est pas là. « Ce livre, dit-il, propose une autre interprétation des échecs de la démocratie. L’idée centrale est que les électeurs sont pires qu’ignorants. Ils sont, en un mot, irrationnels – et ils votent n’importe comment. »

© The New York Times et Jeune Afrique 2007. Tous droits réservés.

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