Littérature : dans les coulisses de l’histoire angolaise
Daniel Ribant, consultant belge et spécialiste de l’Angola, publie « Força Angola : témoignages pour l’histoire ». En un peu plus de 300 pages, il interroge 17 personnalités de neuf nationalités, témoins ou acteurs directs des événements qui ont secoué cette ancienne colonie portugaise durant près de cinquante ans.
« Dès 1957, nous avons commencé à former des combattants pour les pays lusophones. (…) Leur combat était le nôtre » : ainsi résume l’Algérien Noureddine Djoudi, ancien secrétaire général adjoint de l’Organisation de l’Union africaine (OUA, ancêtre de l’Union africaine), le soutien de son pays aux luttes d’indépendance. Un soutien qui se matérialisera aussi, plus tard, par des livraisons d’armes au Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA) d’Agostinho Neto, comme le 11 novembre 1975, jour de l’indépendance, pour faire face aux offensives des deux autres organisations qui luttent contre le colon portugais, le Front national de libération de l’Angola (FNLA) de Roberto Holden et l’Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola (Unita) de Jonas Savimbi.
17 témoignages pour l’histoire
Cette anecdote est issue de Força Angola : témoignages pour l’histoire (L’Harmattan), de Daniel Ribant, consultant belge et spécialiste de l’Angola. L’auteur de L’Angola de A à Z s’est entretenu avec 17 personnalités des mondes économique, diplomatique et politique, sur des sujets aussi variés que l’indépendance angolaise, le rôle de l’Afrique du Sud et de l’Algérie durant les guerres qui ont ravagé ce pays d’Afrique australe pendant près de cinquante ans.
Autre personnalité interrogée, Maria Eugénia Neto, la veuve du premier président, aujourd’hui à la tête de la Fondation Agostinho Neto. Cette Portugaise née en 1934 épouse le leader du MPLA en 1958. Elle raconte notamment comment ce jeune médecin a souhaité s’écarter de la politique par amour. « Il a essayé de prendre un peu de distance, mais lorsque nous sommes rentrés en Angola [en janvier 1960, ndlr], les gens l’attendaient et ne le laissaient pas tranquille. Il ne pouvait échapper à ses responsabilités, à son destin. » Décédé prématurément à Moscou en 1979, Agostinho Neto ne verra jamais la fin de la guerre civile (2002). Pour sa femme, si celui-ci avait vécu plus longtemps, la situation angolaise « serait différente ».
Les Bakongo et l’influence de l’église tokoïste
Ce document est une plongée dans l’histoire de ce pays lusophone à travers bien des aspects, comme le particularisme bakongo et l’influence de l’église tokoïste, racontés par le général João Baptista Mawete (qui a effectué une longue carrière de diplomate entre Cuba, Alger ou encore Lisbonne). Son père était un ami de Simão Toko, le fondateur de ce courant religieux né à Kinshasa en 1946. Il confie : « Le tokoïsme représentait l’éveil de la conscience. Avec cette transformation de la conscience naissait la revendication, y compris au niveau politique. (…) Ceux qui s’en réclamaient étaient réprimés. (…) Pour les Portugais, l’essentiel était de maintenir les gens dans l’ignorance et perpétuer l’analphabétisme. »
À noter : le fruit des ventes de cet ouvrage sera reversé à l’European foundation for angolan promotion and development (EFFA), présidée par l’auteur.
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