Ahmed Bahaeddine Attia

Réalisateur et producteur de cinéma tunisien

Publié le 27 août 2007 Lecture : 2 minutes.

Son nom était trop long : Ahmed Bahaeddine Attia. Alors, tout le monde l’appelait affectueusement « Hmayed ». Le 10 août, il a succombé à ce qu’il est convenu d’appeler une longue maladie. Il avait 61 ans. Sa mort laisse un grand vide dans le cinéma tunisien, africain et méditerranéen.
Cinéaste lui-même et ancien directeur des Journées cinématographiques de Carthage (JCC), il était parallèlement un militant acharné de la profession au sein notamment de l’Association des cinéastes tunisiens, de la Fédération panafricaine des cinéastes (Fepaci) et de l’Organisation des producteurs des films méditerranéens. Patron de Cinétéléfilms, la première société de production tunisienne, il produisit nombre de films qui rencontrèrent un succès international comme Halfaouine, de Férid Boughedir, Les Sabots en or, de Nouri Bouzid, ou Les Silences du palais, de Moufida Tlatli.

Après de brèves études littéraires à Paris, Ahmed Attia avait appris le cinéma à Rome, où il seconda, en tant que réalisateur, quelques grosses pointures de Cinecittà. Entre mille anecdotes, il rappelait volontiers avoir un jour porté dans ses bras une Ava Gardner vieillissante et passablement assommée par la vodka ! C’était dans les années 1980, cet âge d’or, quand le producteur Tarak Ben Ammar, le patron de Carthago Films, faisait venir en Tunisie les « baobabs » du cinéma mondial. Hmayed collabora longtemps avec lui en tant que réalisateur, puis, sur un coup de tête, s’orienta vers la production, alimentant la télé tunisienne d’inoubliables feuilletons tels que Douar, Ennas Hekaya et Warda.
Mais il se plaignait souvent de l’état du cinéma tunisien : 150 salles de projection en 1955 pour 3 millions d’habitants, 15 salles en 2007 pour 10 millions… Attia, qui était un inconditionnel du Fespaco, à Ouagadougou, a notamment produit Ségou Fanga (« la genèse de Ségou »), du réalisateur malien Manbaye Coulibaly, mais aussi Madame Butterfly, de Frédéric Mitterrand, Tiré à part, du regretté Bernard Rapp, Comboio de Canhoca, de l’Angolais Orlando Fortunato et beaucoup d’autres films importants…

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Bravant les traditions musulmanes, de nombreuses artistes femmes ont assisté à son enterrement, sans foulard sur la tête. Serge Moati, le journaliste et réalisateur français (d’origine tunisienne), était également présent. « Je ne pensais que du bien de lui », nous a-t-il confié, Il faut croire que Dieu aime le cinéma. Comment expliquer autrement qu’il ait, en l’espace de quelques semaines, rappelé à lui Sembène Ousmane, Michelangelo Antonioni, Ingmar Bergman, Ahmed Attia et Michel Serrault ?

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