Transformer l’essai

Les participants à la conférence internationale de Paris sont unanimes : il faut élargir l’accès des plus démunis aux services financiers, en faisant notamment appel aux fonds privés.

Publié le 27 juin 2005 Lecture : 2 minutes.

En alliant rigueur financière et impact social, la microfinance a prouvé, en l’espace de deux décennies, qu’elle était un instrument performant de lutte contre la pauvreté et un système viable économiquement. Sa réussite démontre la capacité des pauvres à honorer leurs emprunts, à innover et à créer de la valeur ajoutée. Près d’un million de personnes dans le monde bénéficient aujourd’hui de ses services. C’est encourageant, mais encore très insuffisant. La moitié de la population mondiale reste privée d’accès aux services bancaires. Rien qu’en Inde et en Chine, ils sont entre 400 millions et 800 millions à en être exclus.
Aussi le défi est-il d’élargir l’accès à la microfinance, de la déployer à grande échelle et de lui permettre d’atteindre les segments les plus défavorisés des populations, au Sud comme au Nord. La question était au coeur des débats qui, les 20 et 21 juin, ont réuni à Paris les meilleurs spécialistes mondiaux du secteur, près de six cents personnes au total, autour de nombreuses personnalités. Entre autres : le président français Jacques Chirac, le Premier ministre marocain Driss Jettou, le secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie Abdou Diouf, le gouverneur de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) Charles Konan Banny, l’économiste bangladais Muhammad Yunus, le Commissaire européen en charge du développement et de l’aide humanitaire Louis Michel.
Tous ont insisté sur la nécessité d’augmenter les moyens dédiés à la microfinance afin d’atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), et notamment la réduction de moitié de la pauvreté d’ici à 2015. La France a déjà mis en place une facilité d’investissement de 20 millions d’euros, l’Union européenne de 15 millions d’euros. Mais il en faudra davantage. « La mobilisation de 3 milliards de dollars par an, soit un triplement des moyens actuels, permettrait de porter à 600 millions d’ici à 2015 le nombre de bénéficiaires », a souligné Jacques Chirac. À cette fin, les fonds privés doivent prendre le relais des financements publics. Pour Maria Nowak, présidente fondatrice de l’Association pour le droit à l’initiative économique (Adie), « la participation des banques est fondamentale […] car ce sont elles qui détiennent à la fois les méthodes et des moyens à la dimension des besoins, permettant de changer d’échelle ». De fait, elles sont de plus en plus nombreuses à s’intéresser au secteur à travers l’offre de garanties, de refinancement, ou la création de partenariats et de filiales.
Il y a encore bien d’autres défis à relever. Qu’il s’agisse de l’adaptation des normes bancaires nationales et internationales, de la diversification de la gamme de produits et de services, de la professionnalisation des acteurs, du renforcement de la transparence dans la gestion et notamment de la mise en place de systèmes de notation (rating), indispensables pour gagner la confiance des donateurs, des banques et des marchés financiers. Enfin, la croissance du secteur passe par la clarification de son mandat. La microfinance pâtit d’une image floue, « mi-charité mi-financier, mi-amateur mi-professionnel », estime Jacques Attali, ex-conseiller du président français François Mitterrand et responsable de l’organisation d’aide au microcrédit Planetfinance. Selon lui, il faut « un « monsieur Microfinance » dans chacune des administrations chargées du développement et de la coopération, tant dans les pays donateurs que receveurs », pour permettre au secteur de prendre son plein essor.

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