CPI : la défense récuse la participation de Charles Blé Goudé à la création d’une milice pro-Gbagbo

Les audiences en vue de l’examen de la demande d’acquittement introduite par Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé ont repris lundi 19 novembre à la Cour pénale internationale (CPI). Les avocats de Charles Blé Goudé se sont employés à minimiser le rôle de celui qui était qualifié de « général de la rue », notamment dans la création de la milice pro-Gbagbo du Groupement des patriotes pour la paix (GPP).

Charles Blé Goudé à la CPI, le 28 janvier 2016. © Peter Dejong/AP/SIPA

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Publié le 20 novembre 2018 Lecture : 3 minutes.

« L’accusation et sa théorie en matière de preuves, dans la manière dont elle a bâti sa cause contre Charles Blé Goudé, s’appuie entièrement sur, d’un côté, une théorie de déductions qui ne sont pas les seules raisonnables possibles – nous l’avons vu la semaine dernière – et, de l’autre, sur la théorie de la corroboration », a immédiatement attaqué Me Geert-Jan Alexander Knoops, responsable de l’équipe de défense de Charles Blé Goudé, ministre de la Jeunesse de Laurent Gbagbo lors de la crise postélectorale de 2011.

La défense fidèle à sa ligne

La défense de l’ex-leader patriotique est restée fidèle à sa ligne. « Les propos de l’accusation sont en décalage avec les dépositions de ses témoins jugés crédibles », affirme ainsi Me Jean Serge Gbougnon, l’un des avocats ivoiriens de celui que la presse appelait alors « le général de la rue », du fait de sa forte capacité de mobilisation.

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Le bureau de la procureure Fatou Bensouda avait présenté plusieurs témoins à charge face à Charles Blé Goudé, dont l’un des plus importants a été un ancien chef de milice du Groupement des patriotes pour la paix (GPP, favorable à Laurent Gbagbo). Celui-ci, qui a témoigné anonymement à la barre sous le nom « témoin P0435 », a accusé Blé Goudé d’avoir participé au conclave qui a donné naissance à cette milice, responsable de plusieurs exactions, notamment à Abidjan, selon plusieurs rapports d’Organisations non gouvernementales (ONG).

« La défense de monsieur Charles Blé Goudé a largement exposé les raisons pour lesquelles elle estime que le témoin P0435 n’est pas crédible et qu’il n’était pas non plus corroboré par d’autres preuves alors qu’à l’évidence, cela aurait dû être le cas. Mieux, la défense a produit un tableau des incohérences et contradictions contenues dans les diverses dépositions de P0435 », a affirmé Me Gbougnon, avant de conclure que « l’on ne peut pas affirmer que Charles Blé Goudé a participé à la création du GPP ».

Charles Blé Goudé s’affiche serein

Charles Blé Goudé, le 2 novembre 2002 lors d'une marche des pro-Gbagbo à Abidjan (archives). © BORIS HEGER/AP/SIPA/AP/SIPA

Charles Blé Goudé, le 2 novembre 2002 lors d'une marche des pro-Gbagbo à Abidjan (archives). © BORIS HEGER/AP/SIPA/AP/SIPA

Pour la défense, les accusations d’élaboration d’un « plan commun » en vue du maintien au pouvoir de Laurent Gbagbo repose sur « un dossier vide »

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Dans le box, l’accusé arborait, comme depuis le début de son procès, une tenue traditionnelle akan. Il est apparu détendu, répondant à certains arguments avancés par la défense par un sourire. Blé Goudé est poursuivi, au même titre que son mentor Laurent Gbagbo, pour « quatre charges de crimes contre l’humanité que constituent le meurtre, le viol, les autres actes inhumains ou – à titre subsidiaire – la tentative de meurtre et la persécution », pour des événements en rapport avec la crise postélectorale de 2011, qui a causé la mort d’au moins 3 000 personnes.

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Laurent Gbagbo est détenu à la prison de Scheveningen, à La Haye, depuis fin novembre 2011. Son co-accusé Blé Goudé y séjourne depuis décembre 2014. Les dossiers de Laurent Gbagbo et de Charles Blé Goudé ont été joints le 11 mars 2015, et leur procès conjoint s’est ouvert le 28 janvier 2016.

Le 1er octobre dernier, se sont ouvertes les audiences en vue de l’examen par la Cour, présidée par le juge italien Cuno Tarfusser, de la demande de non-lieu introduite par les équipes de défense des deux accusés. Celles-ci estiment que les preuves présentées par l’équipe de la procureure Bensouda sont « de très mauvaise qualité », tandis que ses témoins « manquent de crédibilité ». Pour la défense, les accusations d’élaboration d’un « plan commun » en vue du maintien au pouvoir de Laurent Gbagbo, par tous les moyens, repose sur « un dossier vide ».

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