Objectif OMC

Économiste volontiers hétérodoxe, le Togolais brigue le poste de directeur général adjoint de l’Organisation mondiale du commerce. Portrait.

Publié le 27 juin 2005 Lecture : 2 minutes.

Pascal Lamy, le nouveau directeur général de l’OMC (Organisation mondiale du commerce), ne prendra officiellement ses fonctions qu’au mois de septembre. D’ici là, quatre postes de directeur général adjoint, un par continent, à l’exception de l’Europe, dont est originaire le Français, sont à pourvoir. Originalité de la procédure de désignation : les candidatures sont libres, et le patron de l’OMC choisit, seul, les membres de son staff.
Le Togolais Yves Ekoué Amaïzo, économiste à l’Onudi (Organisation des Nations unies pour le développement industriel), croit en ses chances de succéder au Kényan Kipkorir Aly Azad Rana. L’usage veut en effet qu’il y ait alternance entre les ressortissants de pays africains anglophones à revenus intermédiaires et francophones issus du « club des pays les moins avancés ». Amaïzo, spécialiste reconnu des questions de développement, n’est pas officiellement soutenu par les autorités du Togo, ce qui, dans le contexte actuel, n’est pas forcément un handicap, mais il jouirait en revanche de l’appui discret du Sénégal, du Bénin et des deux Congos. Docteur en droit, en économie et en gestion informatique de l’université de Lyon III, il a d’abord exercé deux ans dans le privé, au Luxembourg, avant de rejoindre l’Onudi en 1988, et de mener, en parallèle de ses activités professionnelles, un travail de recherche autour du concept de « capacités productives », qui lui a valu plusieurs publications. Et il se murmure que le discours de cet intellectuel touche-à-tout, volontiers hétérodoxe, ne déplairait pas à Pascal Lamy, à la recherche d’idées nouvelles pour faire bouger une institution de son propre aveu « médiévale ». Car pour Amaïzo, en effet, les pays africains et leurs dirigeants ont le tort de se focaliser uniquement sur la question des subventions, alors que le rapport de forces mondial, sur ce point, leur est nettement défavorable, et que le problème est finalement assez secondaire. « L’Afrique ne représente que 2 % du commerce mondial et exporte essentiellement des matières premières non transformées. Alors que 75 % du commerce mondial concerne les produits transformés. Il faut se pencher d’urgence sur la question du renforcement des capacités productives. » Ce renforcement passe, selon lui, par la redéfinition des règles d’origine, dont il veut faire son cheval de bataille à l’OMC. Il souhaiterait que l’organisation s’inspire des « exceptions aux règles d’origine » figurant dans le nouveau dispositif américain transitoire de l’Agoa (African Growth Opportunity Act) et qui permettent aux produits manufacturés de certains pays d’Afrique, comme le Lesotho, d’entrer librement sur le marché américain. Un beau challenge en perspective.

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