Tunisie : l’UGTT maintient la grève générale du 22 novembre

Face à l’échec des négociations avec le gouvernement, l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) a confirmé qu’une grève générale de la fonction publique aurait bien lieu le 22 novembre. Plus de 300 000 agents de l’État devraient être concernés.

Le siège de l’UGTT, à Tunis. © Citizen59 /CC/Wikimedia Commons

Le siège de l’UGTT, à Tunis. © Citizen59 /CC/Wikimedia Commons

Publié le 21 novembre 2018 Lecture : 2 minutes.

L’Union générale tunisienne du travail (UGTT) a tenu parole. Le jeudi 22 novembre sera bien marqué par une grève générale de la fonction publique et devrait concerner plus de 300 000 agents de l’État. En cause, le refus du gouvernement de Youssef Chahed d’accorder aux fonctionnaires les augmentations salariales réclamées par la centrale syndicale. Cette dernière demande environ 1,2 milliard de dinars annuels de plus pour les fonctionnaires, un montant qui n’est pas pris en compte dans le budget de l’État, et porterait la masse salariale de 14 à 17 % du PIB.

Une position ambiguë de l’exécutif

Des revendications difficiles à prendre en compte pour l’exécutif, qui doit tenir ses engagements auprès des bailleurs de fonds internationaux – notamment sur le gel des salaires et la privatisation de certaines entreprises publiques -, et alors qu’une inflation à plus de 7,5 % impacte sévèrement le pouvoir d’achat des Tunisiens.

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Le 17 octobre dernier, pourtant, un accord portant sur une augmentation salariale moyenne de 250 dinars (76 euros) pour les agents des entreprises publiques avait été trouvé. Si ce consensus laissait présager l’application des mêmes mesures au corps des fonctionnaires, il n’en a rien été.

« Le Fonds monétaire international (FMI) refuse toute majoration salariale », précise Sami Tahri, le secrétaire général adjoint de l’UGTT. Dans les faits, l’État n’a pas les ressources pour couvrir ce surcroît de dépenses qui ne figure pas sur la loi de Finances 2019, qui devrait être adoptée par l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) autour du 10 décembre. Malgré une balance commerciale en déséquilibre et une reprise de la hausse du chômage, l’exécutif a néanmoins vu à la hausse tous ses budgets et maintenu son train de vie.

Intransigeance de la centrale syndicale

Le secrétaire général de l’UGTT, Noureddine Taboubi, accuse le gouvernement d’être sous la coupe de directives étrangères mais également de ne pas avoir fait des propositions permettant des négociations. « La Kasbah applique des mesures d’austérité quand ça l’arrange », lâche un militant syndical du ministère de la Justice.

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Résultat, la centrale syndicale hausse le ton et mobilise les siens pour porter ses revendications dans la rue. Cette fois, elle ne se contentera pas de défiler selon son habitude, de la place Mohamed Ali, où elle siège, jusqu’à l’avenue Bourguiba. Elle compte installer le mouvement protestataire devant l’Assemblée au palais du Bardo, pour prendre les élus du peuple à témoin.

Une escalade attendue

La mobilisation du 22 novembre sera aussi un exutoire pour les Tunisiens, dont les conditions économiques se dégradent à grande vitesse. À défaut d’être entendus par l’État, ils se réfugient sous la bannière de l’UGTT pour réclamer des conditions de vie décentes. Les mêmes revendications que celles portées par le soulèvement de 2011 et qui sont restées lettre morte.

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Dans une atmosphère politique délétère, Tunis s’apprête à vivre une journée sous haute tension, qui laisse présager d’une reprise des mouvements sociaux. La dernière manifestation de cette envergure avait eu lieu le 8 février 2013, deux jours après l’assassinat du leader de gauche, Chokri Belaïd.

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