Crise anglophone au Cameroun : libération de 10 élèves kidnappés à Kumba

Les autorités camerounaises ont annoncé le 21 novembre la libération de 10 élèves et de leur principal enlevés la veille dans la ville de Kumba (Sud-Ouest). Deux des preneurs d’otages auraient également été neutralisés.

Dans une rue de Bamenda, au Cameroun anglophone (photo d’illustration). © Rbairdpcam/CC/Flickr

Dans une rue de Bamenda, au Cameroun anglophone (photo d’illustration). © Rbairdpcam/CC/Flickr

Franck Foute © Franck Foute

Publié le 21 novembre 2018 Lecture : 3 minutes.

Dix élèves du Lord’s Bilingual Academy de Kumba – région anglophone du Sud-Ouest – et leur principal ont été libérés le 21 novembre, 24 heures après leur enlèvement. Ils étaient retenus par des individus attribués aux milices sécessionnistes qui opèrent dans cette partie du Cameroun. Selon les autorités camerounaises, cette libération fait suite à une intervention des éléments des forces de défense dans le camp des preneurs d’otages. Le bilan des autorités fait état d’au moins deux assaillants neutralisés, ainsi que des armes saisies.

Les élèves libérés avaient été capturés la veille, alors qu’ils se trouvaient sur le campus de leur école. Selon un riverain joint par Jeune Afrique, les ravisseurs étaient arrivés en bande sur des motos. « Ils étaient nombreux. Ils ont débarqué aux alentours de midi [le 20 novembre, ndlr]. Pendant que certains bloquaient l’entrée, d’autres ont escaladé la barrière. J’ai entendu des coups de feu, et je me suis caché », rapporte-t-il. Les élèves auraient par la suite été emmenés à l’extérieur de l’établissement, avant d’être conduits vers le camp des ravisseurs.

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Pour l’heure, le Lord’s Bilingual Academy a été fermé et les enfants ont été rendus à leurs familles. « Nous ne savons pas quand les classes pourront reprendre », a confié, inquiet, un membre du staff de cette école.

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Recrudescence des enlèvements

Les prises d’otages perpétrées par les milices sécessionnistes qui opèrent en zone anglophone sont de plus en plus récurrentes. Dans la majorité des cas, des rançons sont demandées avant la libération des otages. « C’est une bande de brigands qui cherchent à attirer l’attention et ils semblent réussir, mais en face, nous ne leur laisserons pas de répit », souligne Didier Badjeck, le porte-parole de l’armée, qui reconnaît « la recrudescence de ce mode opératoire ».

En effet, après l’enlèvement spectaculaire des 79 élèves du collège presbytérien de Nkwen à Bamenda, le 5 novembre, pas moins de cinq autres cas de kidnapping ont été signalés. À Buea, un enseignant et un membre du staff de l’université de la ville, enlevés le 17 novembre, sont toujours introuvables après leur enlèvement. À Kumba, deux étudiants du Collège d’enseignement technique supérieur ont été brièvement enlevés ce jour-là avant d’être relâchés le lendemain.

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Un officier de police de Kumbo, retenu en otage pendant 48 heures, a été libéré après le versement d’une rançon de 150 000 francs CFA. La dépouille de son collègue Ephraim Ngafei, enlevé à Nkar dans le Nord-Ouest, a néanmoins été retrouvée décapitée le 19 novembre.

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Une sortie de crise repoussée

L’amplification des enlèvements intervient dans un contexte où les voies de sortie de cette crise qui secoue les deux régions anglophones du Cameroun depuis 2016 sont toujours floues. La Conférence générale des anglophones, initiée par le cardinal Christian Tumi et les religieux des villes de Buea et Bamenda, prévue le 20 novembre, a été reportée à une date sine die. Le motif évoqué par le comité d’organisation est l’absence d’une autorisation écrite du gouvernement, mais des voix indiquent en coulisses que la présence de certains sécessionnistes ferait débat.

Paul Biya, lors de son investiture comme président de la République le 6 novembre dernier, avait promis de prendre des mesures « pour que le calme et la sérénité reviennent dans les deux régions concernées ». Si les actions militaires sont bel et bien visibles sur le terrain, « le dialogue » prôné par celui-ci reste attendu. En attendant, le bilan macabre du conflit s’allonge, les chiffres officiels indiquant près d’une centaine de policiers et militaires ayant perdu la vie dans les violences.

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