CAN 2019, Ronaldo, Renard… Mehdi Benatia se confie après son retour gagnant avec le Maroc

Absent depuis la Coupe du monde, Mehdi Benatia a effectué son grand retour pour les matches face au Cameroun (2-0, le 16 novembre) et à la Tunisie (1-0, le 20 novembre). En exclusivité, le capitaine des Lions de l’Atlas s’est confié à Jeune Afrique.

Le capitaine des Lions de l’Atlas, le 20 juin après le match de Coupe du monde face au Portugal (0-1). © Matthias Schrader/AP/SIPA

Le capitaine des Lions de l’Atlas, le 20 juin après le match de Coupe du monde face au Portugal (0-1). © Matthias Schrader/AP/SIPA

Alexis Billebault

Publié le 21 novembre 2018 Lecture : 6 minutes.

Avant de s’envoler pour Tunis, Mehdi Benatia, dont la parole est rare dans les médias, évoque ici la sélection nationale, qualifiée pour la CAN, mais aussi la Juventus Turin, et même sa future reconversion.

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C’est fait, le Maroc s’est qualifié pour la Coupe d’Afrique des nations (CAN). Ce qui n’est pas une immense surprise…

On se devait de participer à cette CAN. Ce n’est pas parce que le Cameroun, dans notre groupe, était qualifié d’office, et que les Comores et le Malawi sont des équipes supposées moins fortes que le Maroc, que c’était facile pour nous. Regardez la situation dans d’autres groupes, où de très bonnes équipes africaines sont en difficulté. Le Maroc a rempli sa mission. Il faudra être prêt pour la phase finale.

Où le Maroc sera l’un des favoris…

Oui, sans doute. Mais être favori, qu’est-ce que cela veut vraiment dire ? Souvenez-vous de la Coupe du Monde : l’Espagne, l’Allemagne, le Brésil, l’Argentine étaient des favoris, et aucun n’a dépassé les quarts de finale. C’est la France qui est devenue championne du monde, alors qu’on ne l’attendait peut-être pas si haut. Et la Croatie qui termine deuxième.

En Afrique comme ailleurs, le niveau se resserre. Il devient de plus en plus difficile de gagner

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En Afrique comme ailleurs, le niveau se resserre. Il devient de plus en plus difficile de gagner. On l’a vu pour le Maroc face aux Comores (1-0, 2-2). Ce que je peux vous dire, c’est que nous irons au Cameroun avec de l’ambition. Le Maroc a fait beaucoup de progrès depuis l’arrivée du coach Hervé Renard. Il fait du très bon travail. J’ai beaucoup de respect pour lui.

Vous n’aviez plus rejoué avec le Maroc depuis la Coupe du monde. Étiez-vous en contact régulier avec Hervé Renard ?

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Bien sûr. Je vais vous expliquer pourquoi je n’avais pas souhaité jouer les matches de septembre face au Malawi (3-0) et d’octobre contre les Comores. J’avais dit au coach qu’en raison de ma situation à la Juventus Turin, où je ne jouais pas beaucoup, je ne voulais pas revenir en sélection. Ce n’est pas parce que je suis le capitaine des Lions, que j’ai un nom, que je devrais avoir plus de droits que les autres. Je souhaitais d’abord jouer davantage avec mon club avant de revenir en sélection. C’est une question d’honnêteté. Je manquais de rythme.

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Il me semblait plus logique que le sélectionneur fasse appel à des joueurs qui ont du temps de jeu. Et à partir du moment où j’ai davantage été sur le terrain avec la Juve, j’ai accepté de répondre à ma convocation. Avec Hervé Renard, on se dit les choses franchement. Il comprenait ma position, tout en me répétant qu’il avait besoin de moi. Mais j’avais besoin de rejouer avec mon club pour être performant avec les Lions. Je voulais être prêt avant de revenir.

Considérez-vous le match gagné face au Cameroun (2-0) comme l’un des plus aboutis de ces derniers mois ?

On peut le voir ainsi. Tout n’a pas été parfait, bien sûr, mais battre une grosse équipe comme le Cameroun, qui était un peu notre bête noire, c’est excellent pour la confiance. C’était beaucoup plus abouti que face aux Comores, par exemple, mais c’est normal. Nous sommes plus à l’aise face à des équipes qui ouvrent le jeu. On l’a montré en Russie, face au Portugal (0-1) et à l’Espagne (2-2). Contre des équipes qui pratiquent un football plus défensif, comme l’Iran (0-1), c’est forcément plus compliqué.

Le Maroc possède-t-il une équipe capable d’avoir des objectifs élevés ?

Cette équipe est l’une des meilleures d’Afrique, et elle est dirigée par un coach qui connaît très bien le football africain. Au niveau de l’effectif, il y a de la richesse, de l’expérience et des jeunes qui prouvent leurs qualités. La concurrence existe, mais c’est une bonne chose, car cela pousse chacun à être meilleur.

Le Maroc se doit d’avoir de l’ambition. On fera de lui un des favoris pour la prochaine CAN

Je pense que nous pratiquons également un football intéressant, comme nous l’avons montré en Russie, face à de grosses nations comme l’Espagne et le Portugal. Le Maroc se doit d’avoir de l’ambition. On fera de lui un des favoris pour la prochaine CAN.

Vous évoquiez votre situation à la Juventus Turin. Il y a quelques semaines, il était question d’un possible retour à l’Olympique de Marseille, votre club formateur, lors du mercato hivernal. Depuis, vous avez rejoué et Massimiliano Allegri, l’entraîneur des Bianconeri, semble davantage compter sur vous…

J’ai la chance d’évoluer dans un des meilleurs clubs du monde, où les objectifs sont très élevés : le championnat d’Italie, mais aussi la Ligue des Champions ! Il y a une forte concurrence, et il faut l’accepter. Moi, j’ai 31 ans, un âge où on veut jouer. Être sur le banc de touche, ce n’est pas ce qu’un joueur préfère. Alors, on va d’abord penser aux matches qu’il nous reste à disputer d’ici à la fin de l’année.

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Je vais continuer à travailler à l’entraînement pour gagner ma place. J’ai davantage été utilisé ces derniers temps, et j’espère l’être encore. C’est normal, je suis un professionnel. Ensuite, il y aura les vacances de fin d’année et on verra tranquillement au mois de janvier, lors du mercato hivernal, en fonction de la situation. Ma priorité, mon envie, c’est de jouer.

À la Juventus, vous évoluez avec Cristiano Ronaldo. Quelle impression vous fait-il ?

Déjà, sa présence nous permet d’avoir des objectifs encore plus élevés. Car c’est un attaquant extraordinaire, qui marquera l’histoire du football. On connaît tous ses qualités de buteur. Il est capable de mettre des buts fantastiques. Mais moi, j’ai aussi la chance de travailler tous les jours avec lui, à l’entraînement. Et j’ai rarement vu un tel professionnel.

C’est un grand compétiteur. Il veut toujours s’améliorer. C’est simple, c’est une machine !

Le mec a tout gagné ou presque, il a un palmarès incroyable, et il en veut encore. C’est un grand compétiteur. Il veut toujours s’améliorer. C’est simple, c’est une machine ! Et puis, pour nos plus jeunes joueurs, c’est un exemple, il leur donne des conseils. Ils vont beaucoup apprendre avec lui. Humainement, c’est un garçon très agréable, très impliqué dans la vie du groupe.

Didier Drogba a joué jusqu’à plus de 40 ans. Vous êtes-vous fixé une limite ?

Non. Tant que j’aurais envie d’aller m’entraîner, de jouer, je continuerai. Par contre, ce dont je ne veux pas, c’est d’aller trop loin, et de finir à 38 ans, cassé de partout et sur les rotules. Pour la suite, je sais que ma reconversion se fera dans le football. Je ne sais faire que ça ! Dans quel domaine ? Je n’en sais rien encore. Il y a beaucoup de choses à faire dans le football.

Savez-vous où vous vivrez après votre carrière ? En Italie, un pays que vous connaissez bien ?

J’adore l’Italie. Avec ma famille, on s’y sent très bien. J’ai joué à Udinese, à l’AS Roma, et désormais à la Juve. C’est un beau pays, avec une belle qualité de vie. C’est également un vrai pays de foot. Mais une fois que ma carrière sera terminée, j’irai vivre soit au Maroc, soit à Dubaï, un endroit où je vais régulièrement. C’est très agréable à vivre et c’est très sûr, ce qui est important pour les enfants. Mais pour l’instant, il est encore trop tôt pour en parler…

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