Côte d’Ivoire : les avocats de Blé Goudé nient toute implication de leur client dans le plan commun

Lors des audiences en vue de l’examen de la demande d’acquittement introduite par les avocats de Laurent Gbagbo et de Charles Blé Goudé, l’équipe de défense de l’ex-ministre de la Jeunesse s’est employée à démonter l’accusation visant à le présenter comme un acteur majeur du plan commun de Laurent Gbagbo.

Charles Blé Goudé, à la Cour pénale internationale, le 27 mars 2014. © Michael Kooren/AP/SIPA

Charles Blé Goudé, à la Cour pénale internationale, le 27 mars 2014. © Michael Kooren/AP/SIPA

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Publié le 21 novembre 2018 Lecture : 3 minutes.

Les audiences en vue de l’examen de la demande d’acquittement introduite par les avocats de Laurent Gbagbo et de Charles Blé Goudé se poursuivent depuis le 19 novembre, avec les interventions de l’équipe de défense de l’ex-ministre de la Jeunesse. Celle-ci s’est employée, les mardi 20 et mercredi 21 novembre 2018, à démonter la théorie du bureau de la procureure Fatou Bensouda, visant à présenter leur client comme un acteur majeur du plan commun de Laurent Gbagbo, destiné à se maintenir au pouvoir « par tous les moyens ».

« Ce que le procureur demande à la Cour, c’est de faire une analyse mystico-juridique. Il est impossible d’établir la relation de cause à effet entre le meeting du Baron Bar [le 25 février 2011, ndlr] et les incidents de Doukouré et Yao Séhi [des quartiers de Yopougon où des incidents meurtriers impliquant des milices patriotiques ont éclaté lors de la crise postélectorale de 2011, ndlr]. Il faut avoir un don d’ubiquité pour être à la fois au Baron Bar et loin du Baron Bar. Charles Blé Goudé n’a pas ce don propre [comme le] saint italien Padre Pio ».

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En choisissant de joindre l’humour à sa démonstration le 20 novembre, Me Claver N’Dri a voulu marquer les esprits de la Cour pénale internationale (CPI), présidée par le juge italien Cuno Tarfusser.

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Le plan commun au centre des audiences

Depuis le début de leur contre-attaque, les avocats de Charles Blé Goudé tentent de démonter, voire de tourner en dérision, le dossier de l’accusation, le jugeant notamment « de très mauvaise qualité ». Début octobre, Eric Mc Donald, le substitut du procureur, avait soutenu que « M. Gbagbo a demandé à ses troupes de poursuivre les combats et de renforcer les barrages routiers. Il était conscient que des crimes allaient être commis par ses subordonnés et autres mercenaires. Il a donc participé à l’élaboration du plan commun », destiné à le maintenir au pouvoir. Il avait aussi accusé Blé Goudé d’être un acteur essentiel de ce plan commun.

Aucune contribution ne peut être déduite de la position de monsieur Charles Blé Goudé

Il n’y a « aucune contribution à ce plan commun qui aurait visé à assurer que monsieur Gbagbo reste au pouvoir. Aucune contribution ne peut être déduite de la position de monsieur Charles Blé Goudé », a renchéri Me Geert-Jan Alexander Knoops, avocat principal de Blé Goudé. Ce dernier « n’a pas joué de rôle en ce qui concerne ces deux incidents [du Baron Bar et de Doukouré-Yao Séhi, ndlr]. (…) Cette théorie ne tient pas la route », a-t-il ajouté.

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Vers une déclaration de Blé Goudé ?

Les contre-explications des avocats de la défense se poursuivront cette semaine. Une éventuelle déclaration de Charles Blé Goudé est attendue.

L’ex-président Laurent Gbagbo, 73 ans, est détenu à la prison de Scheveningen, à La Haye, depuis fin novembre 2011. Son ex-ministre de la Jeunesse (décembre 2010-avril 2011), Charles Blé Goudé, 46 ans, y séjourne depuis décembre 2014. Les deux dossiers ont été joints le 11 mars 2015, et leur procès conjoint s’est ouvert le 28 janvier 2016. Les deux hommes sont poursuivis pour « quatre charges de crimes contre l’humanité que constituent le meurtre, le viol, les autres actes inhumains ou – à titre subsidiaire – la tentative de meurtre et la persécution », pour des événements en rapport avec la crise postélectorale de 2011, qui a causé la mort d’au moins 3 000 personnes.

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Le 1er octobre dernier, se sont ouvertes les audiences en vue de l’examen par la Cour de la demande de non-lieu introduite par les équipes de défense des deux accusés, après la présentation par le bureau de la procureure Fatou Bensouda de plusieurs dizaines de témoins. À l’issue de ces audiences, les trois juges de la chambre de première instance devront se prononcer sur la poursuite ou non du procès avec l’audition des témoins de la défense, ou sur la libération provisoire, sous conditions ou définitive, de l’un ou des deux accusés.

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