Mali : l’accord de paix entre peuls et dogons fragilisé après de nouvelles violences

Depuis le début de la semaine un affrontement entre l’armée et des chasseurs et des violences inter-communautaires ont fait une dizaine de morts dans le cercle de Koro, dans le centre du Mali, fragilisant l’accord de paix signé entre les communautés peules et dogons.

Des soldats maliens dans la région de Mopti, dans le centre du pays, en 2012. © Francois Rihouay/AP/SIPA

Des soldats maliens dans la région de Mopti, dans le centre du pays, en 2012. © Francois Rihouay/AP/SIPA

Aïssatou Diallo.

Publié le 22 novembre 2018 Lecture : 2 minutes.

La signature, fin août, d’un accord de paix entre peuls et dogons dans le cercle de Koro avait suscité beaucoup d’espoir. Youssouf Toloba, chef de l’aile militaire du groupe d’autodéfense communément appelé Da Na Amassagou décidait dans la foulée de déposer les armes, s’alignant sur la position de l’aile politique de son mouvement. Depuis, les enlèvements et assassinats avaient certes continué, mais leur intensité avait baissé.

Une nouvelle branche de Da Na Amassagou ?

Cette trêve fragile n’aura duré que deux mois. Depuis le début de la semaine, le cercle de Koro dans la région de Mopti, est de nouveau le théâtre de violences. Lundi 19 novembre, « il y a eu un accrochage entre l’armée et des chasseurs dans un village dogon, à 3 kilomètre de Kologo (cercle de Koro) », rapporte le gouverneur de la région de Mopti, Sidi Alassane Touré.

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Selon lui, les militaires se sont déployés dans le village après avoir entendu des coups de feu. À leur arrivée, « les chasseurs ont tiré sur les militaires ». Le bilan serait de quatre morts côté chasseurs, et le gouverneur affirme que 15 personnes ont été arrêtées et des armes saisies.

En représailles, mercredi soir, des chasseurs auraient assassiné « six peuls » dans un village, selon Sidi Alassane Touré. Sur les réseaux sociaux, plusieurs personnes se réclamant du groupe Da Na Amassagou ont ensuite multiplié les appels à la mobilisation des chasseurs. Une position condamnée fermement par l’aile politique du mouvement. Contacté par les autorités locales, Youssouf Toloba a assuré ne pas être responsable de cette nouvelle escalade de violence et a condamné l’accrochage de lundi avec l’armée.

Les autorités craignent-elles la naissance d’une nouvelle branche dissidente de Da Na Amassagou ? Pour le gouverneur de la région, « les jours prochains permettront de déterminer s’il s’agit d’un acte isolé et de faire la lumière sur les événements. »

Des ex-miliciens concernés par le DDR

Dans le même temps, le dialogue continue entre les différents signataires de l’engagement afin de préserver la paix dans cette région instable. Dans un rapport publié le 20 novembre, la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) et l’Association malienne des droits de l’homme (AMDH) dénoncent des violations des droits humains contre les populations dans le centre du Mali, pouvant être qualifiées de crimes de guerre.

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Entre les attaques jihadistes, les exactions des milices d’auto-défense et les bavures observées lors d’opérations anti-terroristes, les populations sont prises au piège. « Le centre, qui concentre 40% des attaques dans tout le pays, est devenu la zone la plus dangereuse du Mali », pointent les organisations de défense des droits humains.

« Pour briser le cercle de violence, l’armée va continuer son rôle de patrouilles et de désarmement. Le processus de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR) que nous comptons lancer d’ici la fin de l’année sera ouvert à ceux qui sont dans les milices, qu’elles soient peules ou dogons », détaille Sidi Alassane Touré. « Moins il y a de combattants armés, mieux nous pourrons nous concentrer sur la lutte contre le jihadisme. »

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