[Chronique] Nigeria : cyber-fake-first lady
Un escroc nigérian vient d’être placé en détention provisoire pour s’être fait passer pour Aisha Buhari, l’épouse du président de son pays.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 22 novembre 2018 Lecture : 2 minutes.
Julius Anyawu Uche a 48 ans. Lundi 19 novembre, il comparaissait en première audience devant un juge de la Haute Cour fédérale de Lagos, avant d’être placé en détention provisoire jusqu’au 18 janvier prochain. En vertu de la législation sur la cybercriminalité, il a été inculpé pour dix infractions.
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Si sa technique d’envoi de courriels frauduleux n’a rien d’inédit, en particulier en Afrique de l’Ouest, ce « brouteur » attire l’attention par l’avatar qu’il a choisi. Alors que ses « collègues » se prétendent généralement fils de milliardaire décédé, ami en détresse, Européenne en phase terminale ou praticien syrien en mal d’expatriation, l’escroc signait ses messages du nom de la première dame du Nigeria : Aisha Buhari. Et qui dit « first lady » dit « œuvres caritatives ». C’est donc pour de prétendues causes humanitaires que Julius Anyawu Uche tentait de récolter des fonds, à hauteur de 20,5 millions de dollars…
+132% de cyber-arnaques entre 2013 et 2015
Au Nigeria, l’arnaque numérique est l’un des sports nationaux. Du fond de cybercafés qu’ils ne fréquentent jamais très longtemps, ou depuis des connexions sans fil plus complexes à tracer, les débrouillards inventent des scénarios dignes de Nollywood. Cachés derrière des adresses gratuites, ils sont surnommés les « Yahoo Boys ».
En 2016, Muhammadu Buhari avait suggéré à son épouse de rester « à la cuisine, dans le salon et l’autre chambre »
Depuis le boom de la téléphone cellulaire, le marché de la cyberescroquerie croît en parallèle du nombre d’utilisateurs des technologies de l’information. Selon une étude d’Interpol et de Trend Micro, en Afrique de l’ouest, le nombre de personnes et d’entreprises victimes de ce type d’arnaqueur a augmenté de 132% entre 2013 et 2015.
La doublure numérique de la first lady a plaidé non coupable. Peut-être expliquera-t-elle que les destinataires des spams auraient dû s’étonner que la première dame s’occupe d’œuvres caritatives. En 2016, son président de mari lui avait suggéré de rester « à la cuisine, dans le salon et l’autre chambre ».
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