Centrafrique : l’ex-chef rebelle « Rambo » comparaît devant les juges de la CPI

L’ancien chef de milice centrafricain Alfred Yekatom, surnommé « Rambo », comparaît vendredi 23 novembre pour la première fois devant la Cour pénale internationale pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis en Centrafrique.

Rebelles membres de l’ex-Séléka, en Centrafrique © Rebecca Blackwell/AP/SIPA

Rebelles membres de l’ex-Séléka, en Centrafrique © Rebecca Blackwell/AP/SIPA

Publié le 23 novembre 2018 Lecture : 2 minutes.

La première comparution de Alfred Yekatom, député centrafricain et ex-chef de milices antibalaka, autoproclamées d’autodéfense, intervient une semaine après son transfèrement historique à La Haye.

Il a été remis à la Cour en exécution d’un mandat d’arrêt délivré le 11 novembre pour sa responsabilité pénale présumée dans des crimes de guerre et crimes contre l’humanité qui auraient été commis dans l’ouest de la Centrafrique entre décembre 2013 et décembre 2014.

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C’est le premier transfèrement vers la Cour pénale internationale (CPI) depuis l’ouverture de l’enquête sur la Centrafrique en septembre 2014.

Au cours de l’audience ce vendredi, prévue à 11H00 (10H00 GMT), la Cour vérifiera l’identité du suspect et la langue dans laquelle il pourra suivre les procédures. Alfred Yekatom, 43 ans, sera également informé des charges portées contre lui.

Sa faction, comme les autres milices antibalaka, s’était formée après 2012 quand la coalition à majorité musulmane de la Séléka a entamé sa campagne meurtrière depuis le nord du pays vers Bangui et renversé François Bozizé en 2013.

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« Rambo »

Alfred Yekatom était notamment recherché pour avoir dirigé une attaque à Bangui le 5 décembre 2013, lorsque son groupe armé de fusils, de grenades et de machettes a attaqué des musulmans, tuant entre 6 et 13 civils, selon le mandat d’arrêt.

« Rambo », comme il était surnommé, ancien caporal-chef de l’armée centrafricaine, a selon l’ONU « exercé le contrôle direct d’une douzaine de points de contrôle tenus en moyenne par une dizaine de miliciens armés portant des uniformes et équipés d’armes de l’armée, notamment des fusils d’assaut militaires ».

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La CPI a elle affirmé qu’il dirigeait « environ 3 000 » combattants et estime qu’il pourrait être tenu responsable de « meurtre », de « torture et traitements inhumains », de « mutilations », d’ »attaques intentionnelles contre la population civile » et contre des bâtiments religieux.

La comparution à La Haye d’Alfred Yekatom est « une nouvelle étape importante dans la lutte contre l’impunité » en Centrafrique, s’est réjoui le Haut Commissariat aux droits de l’Homme de l’ONU.

La justice internationale a poignardé la justice centrafricaine

Ce transfèrement est « une violation de ses droits les plus élémentaires », selon Me Régis Tiangaye, l’un de ses avocats. « Dans cette affaire, la justice internationale a poignardé la justice centrafricaine avec l’aide des autorités locales », a-t-il déclaré.

Depuis 2012 et le début de l’offensive qui a abouti à la prise de Bangui par l’ex-coalition de la Séléka, la Centrafrique est le théâtre de violences quasi quotidiennes qui ont forcé un quart des 4,5 millions d’habitants à fuir leur domicile.

Une mission onusienne de maintien de la paix, la Minusca, est déployée depuis 2014 et, prenant la suite d’une intervention militaire française, tente de préserver les civils.

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