Au boulot !
Mohammed VI a procédé, le 22 juin, à un vaste mouvement au ministère de l’Intérieur, qui touche treize walis et quatorze gouverneurs. Si la majorité des titulaires ne sont pas connus du grand public, certains sortent du lot et suscitent réactions et commentaires.
En tête, Mohamed Kabbaj, nouveau wali de Casablanca. Cinquante-neuf ans, diplômé de Polytechnique et des Ponts et Chaussées, il faisait partie de ces technocrates distingués par Hassan II, qui lui avait confié le ministère de l’Équipement, puis les Finances. Viscéralement attaché à Fès, sa ville natale – il dirige l’association Fès-Saïss -, conseiller du roi depuis 2000, il aura beaucoup plus de travail à Casablanca. La métropole, qui compte près de 4 millions d’habitants, a des problèmes à sa mesure. Au lendemain de l’attentat du 16 mai 2003, qui a fait 45 morts, c’est Mohamed Dryef, ancien patron de la police, qui avait été nommé wali. L’arrivée de Kabbaj signifie que si la sécurité demeure une priorité, il est urgent de se préoccuper du reste.
Hassan Aourid, 43 ans, est le nouveau wali de Meknès. Ancien condisciple du roi au Collège royal, il fait partie, dans la cosmogonie de la cour, du premier cercle. Dès après son intronisation, le roi lui avait confié le poste de porte-parole du Palais. En fait, il ne parlait que rarement. Dommage. Il a beaucoup à dire. Cultivé, il avait dû s’éloigner de la diplomatie sous Hassan II pour tâter du journalisme et de la littérature. Personnalité complexe aux affinités multiples (berbérisme, islamisme, gauchisme, « makhzénisme »), il se cherche, tel un personnage de Pirandello. Meknès, la cité de Moulay Smaïl, contemporain de Louis XIV, avec sa province, le Tafilalet, berceau des Alaouites, la dynastie régnante, convient à ce fin lettré féru d’histoire. C’est aussi un défi, comme chaque fois qu’un intellectuel se frotte à l’exercice de l’autorité.
Troisième affectation remarquable : Mohamed Hassad à Tanger-Tétouan. Cinquante-trois ans, polytechnicien, ancien ministre, ex-patron de Royal Air Maroc, efficace, sérieux, bûcheur, il illustre parfaitement ce Maroc qui marche. Sa dernière réussite a franchi les frontières et a pour nom Marrakech. Wali en 2001, il en a fait la cité qui draine une bonne partie des 5 millions de touristes qui visitent chaque année le royaume, et lui a évité de souffrir de son extension trépidante. Avec le développement du Nord autour d’un nouveau port sur la Méditerranée, on parlait de l’arrivée de Hassad. Les Tangérois n’osaient y croire. Ils seront comblés.
Un mot de Mohamed Ibrahimi, 54 ans, le nouveau wali de Oujda. Proche collaborateur de Driss Jettou au ministère de l’Intérieur, il l’avait suivi à la primature. Sciences-Po, réputé pour sa compétence et pour sa capacité de travail, il aura en charge l’Oriental, région frontalière avec l’Algérie qui exige attention et considération.
La tension avec l’Algérie n’est peut-être pas étrangère à la désignation d’un nouveau wali à Laayoune. Il s’agit de Cherki Draiss, 50 ans, haut fonctionnaire au ministère de l’Intérieur.
Au Maroc, tout le monde a en mémoire le discours royal du 18 mai sur l’« Initiative nationale pour le développement humain ». M6 avait alors donné au gouvernement trois mois pour traduire en mesures concrètes ce qui devra être « le chantier du règne ». Il n’a pas perdu de temps et a nommé les hommes qui seront les maîtres d’oeuvre du chantier. Au boulot !
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