Ambassades aux enchères

Bush récompense en toute illégalité ses bailleurs de fonds.

Publié le 27 juin 2005 Lecture : 2 minutes.

Dans l’Europe des temps anciens – au moins jusqu’à la Révolution française -, les ambassadeurs n’étaient qu’exceptionnellement rémunérés par leurs royaux commanditaires et assumaient personnellement l’intégralité des dépenses afférentes à leur charge. C’est dire que les chancelleries étaient l’apanage exclusif des privilégiés de la fortune. Et que certains diplomates ne devaient pas se montrer trop regardants sur les moyens de rentrer dans leurs frais.
On aurait pu croire que le service de l’État tel que le conçoivent les démocraties modernes excluait un aussi brutal rapport à l’argent. Quelle naïveté ! Prenez les ambassadeurs des États-Unis actuellement accrédités à l’étranger : savez-vous que trente d’entre eux ont contribué pour au moins 100 000 dollars aux campagnes présidentielles de George W. Bush en 2000 et en 2004 ? Les Californiens Robert Tuttle et Ronald Spogli, que le chef de l’exécutif vient de nommer à Londres et à Rome – deux postes de tout premier plan -, sont dans ce cas.
La loi américaine est pourtant sans ambiguïté. Selon le Foreign Service Act (1980), « les contributions financières aux campagnes électorales ne doivent pas influer sur la nomination d’un individu en tant que chef de mission » à l’étranger.
Même si elle a tendance à se généraliser depuis quelques années, cette étrange pratique n’est nullement une invention bushienne. En 1938, Franklin D. Roosevelt n’avait-il pas nommé le richissime Joe Kennedy (oui, oui, le père de) à Berlin, où sans doute l’appelaient ses sympathies nazies ? Mais la palme du cynisme rafraîchissant revient, comme d’habitude, à Richard Nixon.
En juin 1971, l’ancien président s’entretient avec H.R. Haldeman, son chef de cabinet. La conversation est enregistrée et sera divulguée dans le cadre de l’enquête sur le scandale du Watergate. « Je suis sûr qu’il va donner au moins 250 000 dollars, explique « Tricky Dicky » [Dick l’arnaqueur], comme on le surnommait à l’époque, à propos d’un sponsor du Parti républicain, parce que la dernière fois, il a donné 100 000 dollars. Maintenant, il peut être ambassadeur à Bruxelles. Quiconque veut devenir ambassadeur doit être prêt à payer 250 000 dollars. »
On n’était évidemment pas très loin de l’extorsion de fonds !

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