Un besoin vital de communiquer

En l’espace de quatre ans, la téléphonie cellulaire a conquis un cinquième de la population. Et le marché n’est pas encore saturé.

Publié le 27 mars 2006 Lecture : 2 minutes.

Comment faisions-nous avant le téléphone mobile ? Les Mauritaniens ont beau l’avoir introduit tout récemment dans leur mode de vie – c’est en octobre 2000 que le mauritano-tunisien Mattel, détenteur de la première licence d’exploitation d’un réseau cellulaire, lance ses activités – ils sont bien en peine de répondre à cette question. Près de six ans après ses débuts, c’est comme s’il avait toujours été là. En 2004, on dénombre 524 000 abonnés, contre 15 000 en 2000, soit trente-cinq fois plus. En quatre ans, le mobile a conquis un cinquième de la population. Le rythme de sa progression est à la mesure de son utilité pour les hommes du désert. « Ici, le territoire est tellement grand que le besoin de communiquer est obsessionnel. Souvent, un coup de fil évite un long déplacement », explique le président du Conseil national de la régulation (CNR), Moustapha Ould Cheikh Mouhamedou. Les Mauritaniens ont tout adopté du cellulaire, y compris les excès. « Le portable, l’insupportable », peste un homme d’affaires irrité par une sonnerie intempestive. « Comme une revanche sur la rareté, il arrive très souvent qu’un abonné possède plusieurs appareils », témoigne Moustapha Ould Cheikh Mouhamedou.
Un taux de pénétration de 20 %, deux opérateurs (Mattel et Mauritel Mobiles, filiale de l’opérateur national historique, lui-même détenu à 80 % par Maroc Telecom), 67 % de parts du marché de la téléphonie : le marché du cellulaire serait-il arrivé à saturation ? Au CNR, on est loin de partager cet avis. Début mars, l’Autorité de régulation [ARE], chapeautée par le CNR, a lancé un « appel à manifestation d’intérêt » dans le cadre de la « politique de libéralisation du secteur des télécommunications ». L’objectif est de vendre diverses licences – télécommunications mobiles, acheminement des communications internationales, établissement et exploitation de boucles locales notamment, elles concernent également le réseau fixe – afin de faire jouer la concurrence et, in fine, de faire baisser les prix et augmenter la qualité des communications, encore trop souvent brouillées, voire carrément impossibles à certains moments de la journée.
Il est pour le moment trop tôt pour deviner le nom ou même l’origine des futurs acquéreurs. Mais il n’est pas exclu que les deux opérateurs actuels, Mattel et Mauritel, en fassent partie ou qu’un opérateur achète plusieurs licences, fixes et mobiles. C’est en avril 2006 que l’appel d’offres, prochaine étape, sera lancé. Pour l’instant, les intéressés préparent leur copie, et l’ARE, dans son rôle d’arbitre, déclare que c’est seulement en fonction des propositions qu’elle statuera, « dans l’intérêt du consommateur » précise-t-elle.
« Il y a de la place pour un autre opérateur », estime le président du CNR. La raison essentielle de son optimisme, c’est le début de l’exploitation pétrolière. Promesse de nouvelles activités, tertiaires essentiellement, l’or noir devrait, selon les conjectures de l’ARE, rallonger la liste des abonnés. Et changer les habitudes. « Au téléphone, les salamaleks durent moins longtemps », remarque un Nouakchottois.

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