Sous la baguette de Zahia

Quand elle parle de son enfance à Pantin, en banlieue parisienne, Zahia Ziouani ne dit pas je. Elle dit nous. Parce que Zahia a une jumelle, Fettouma, et les deux surs, filles d’un cuisinier et d’une standardiste algériens mélomanes, ont été biberonnées à la musique classique. Depuis toujours, Zahia imaginait sa « vie dans la musique ». Elle commence par jouer de la guitare puis passe à l’alto. Mais de là à devenir chef d’orchestre

Un heureux hasard lui fera rencontrer à 16 ans le maestro roumain Sergio Celibidache. Elle sera son élève pendant deux ans, jusqu’à ce qu’il quitte ce monde en 1996. Deux ans plus tard, forte de l’enseignement du maître, Zahia Ziouani crée son propre orchestre symphonique, Divertimento. Cette formation de 50 musiciens donne chaque année près de 20 concerts à Paris en plus des tournées festivalières en province et à l’étranger. Et sa jeune chef, tout en assurant la direction du conservatoire de Stains, commence à se faire une renommée dans un petit milieu où non seulement les femmes ne sont pas légion, mais où l’expérience, et donc l’âge, constitue un atout majeur.

Si elle est parfaitement consciente d’avoir choisi une voie difficile, Zahia, 27 ans, n’en bémolise pas pour autant ses ambitions. Elle n’hésite pas à s’attaquer au répertoire romantique réputé difficile et nécessitant une direction supposée « virile ». L’uvre qu’elle rêverait de diriger? « La IXe Symphonie de Beethoven, notamment parce qu’elle prône la paix entre les peuples. » Et les salles où elle se verrait bien manier sa baguette ? « À Paris, ce serait le Théâtre des Champs-Élysées ou le Châtelet », confie-t-elle. En attendant, Divertimento donnera ses prochains concerts à l’auditorium Xenakis de Stains le 31 mars et à la Chapelle de l’hôpital Notre-Dame-de-Bonsecours à Paris le 5 avril.

Renseignements au 01 48 22 93 92.