[Humeur] Immobilisme politique marocain

Décidément, en politique, le fauteuil de zaïm semble si confortable qu’une fois dessus personne n’accepte de céder sa place. Ce qui n’est pas pour servir la démocratie.

Mohand Laenser a été élu le 29 septembre 2018 pour la neuvième fois à la tête du Mouvement populaire. © Hassan Ouazzani pour JA

Mohand Laenser a été élu le 29 septembre 2018 pour la neuvième fois à la tête du Mouvement populaire. © Hassan Ouazzani pour JA

fahhd iraqi

Publié le 28 novembre 2018 Lecture : 2 minutes.

Le chef du gouvernement marocain, Saadeddine El Othmani, avec son prédécesseur, le secrétaire général du Parti justice et développement (PJD), Abdelilah Benkirane, lors d’un meeting électoral le 25 septembre 2016 à Rabat. © Abdeljalil Bounhar/AP/SIPA
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Maroc : PJD, la preuve par sept

Le 25 novembre 2011, les législatives donnaient la majorité aux islamistes, qui promettaient de changer la façon de gouverner et de réformer le pays. Force est de constater que leur bilan n’est pas brillant.

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Du haut de ses 76 ans, dont trente-deux à diriger la maison harakie, Mohand Laenser est ainsi revenu sur sa promesse de passer le témoin et, en septembre, s’est fait réélire pour un neuvième mandat à la tête du Mouvement populaire (MP). En mai, Nabil Benabdellah avait, lui, été reconduit pour un troisième mandat en tant que secrétaire général du Parti du progrès et du socialisme (PPS), alors même qu’il n’est plus dans les petits papiers du Palais – le roi a en effet limogé le camarade en chef de son ministère (l’Urbanisme) en octobre 2017.

Premier secrétaire de l’Union socialiste des forces populaires (USFP) depuis 2012, Driss Lachgar a lui aussi aisément rempilé pour un nouveau mandat, en mai 2017, après avoir réussi à imposer sa formation dans la coalition gouvernementale. Une prouesse rendue possible grâce au précieux coup de pouce du Rassemblement national des indépendants (RNI) et de son nouveau président, Aziz Akhannouch. Le parti de la colombe fait d’ailleurs exception dans le petit monde des grands partis puisqu’il est le seul où une personnalité a, sans heurts, pu succéder à une autre – en l’occurrence Salaheddine Mezouar, en octobre 2016.

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Épreuve de force

Au sein des autres formations, il a fallu batailler, parfois manu militari, pour déloger le zaïm. Au Parti de la justice et du développement (PJD), il y a tout juste un an, Abdelilah Benkirane était prêt à rempiler pour un troisième mandat à la tête de sa formation et aurait volontiers fait fi de la sacro-sainte démocratie interne dont se targuent les Frères si ces derniers ne l’avaient pas finalement écarté de la compétition.

Au Parti Authenticité et Modernité (PAM), la démission d’Ilyas El Omari a tourné à la telenovela

Au Parti Authenticité et Modernité (PAM), la démission d’Ilyas El Omari, annoncée en août 2017, a tourné à la telenovela et n’est finalement devenue effective qu’en mai de cette année. Quant à l’éviction de Hamid Chabat de la direction de la maison Istiqlal, la plus vieille formation du pays, au profit de Nizar Baraka, elle a viré à l’épreuve de force, avec occupation du siège de la centrale syndicale du parti, en juillet 2017, jusqu’à la navrante bataille rangée entre militants, deux mois plus tard, à l’ouverture du congrès du parti.

Caste politique

Ce renouvellement difficile, voire impossible, au sein de l’état-major des partis, conforte le sentiment qu’ont les Marocains d’être face à une caste politique qui ne veut rien lâcher de ses privilèges. Et renforce le désintérêt de (trop) nombreux citoyens pour la chose publique.

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« Les partis politiques se retrouvent ainsi privés du réservoir nécessaire pour favoriser l’émergence d’une nouvelle élite, déplore le sociologue Mehdi Alioua. D’autant plus que les représentants des corps intermédiaires se comptent sur les doigts d’une main dans la plupart des partis, où l’on retrouve beaucoup d’avocats, d’universitaires, de médecins, etc. »

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